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tude et 80“ de longitude, -f- 8“ à midi, le a3 mars.
Quelle que soit l’étendue du bassin que ces terres australes
circonscrivent, les fleuves qui y débouchent ne peuvent être
comparables ni par le nombre, ni par leur cours, ni par leur
abondance avec ceux de la mer Glaciale du nord ; quelle que soit
l’étendue des canaux dont ces terres soient sillonnées, leurs eaux
n’y peuvent être longtemps retenues, vu le peu d’espace qu’occupent
ces terres, comparées à celles du pôle boréal; enfin, ajoutez
à cela qu’elles passent tout à coup d’étroits défilés à un espace
sans bornes, et vous aurez un ensemble de circonstances toutes
extrêmement défavorables à la conservation de leur force de
translation. Ce sont là des considérations à faire valoir en faveur
de cette opinion : que les courants n’ont qu’une action extrêmement
limitée sur le déplacement des glaces australes.
Ainsi, autant les glaces du nord seraient mobiles, autant celles
du sud seraient fixes : grâce à cette mobilité des pi’emières , on
pourra, peut-être, à force de persévérance, s’approcher plus
encore du pôle nord que l’on ne l’a fait jusqu’à présent; mais
dans le sud , le seul moyen d’an-iver à un pareil résultat sera de
rechercher le point de la circonférence du pôle antarctique qui
soit le moins entouré de terres.
(M. Hombron.)
Note io 5 , page i3 i.
Les îles Powell se représentèrent à nous à peu près sous le
même aspect où nous les avions laissées , c’est-à-dire celui de la
stérilité et de la désolation. Leur côte était encore bordée d’une
ceinture de grandes îles de glace qui s’étendait à près de douze
milles. A l’est du cap Dundas, elles étaient si nombreuses et si
rapprochées, qu’elles semblaient former de ce côté une barrière
impénétrable. Nous renonçâmes en conséquence à passer dans le
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sud ; la grande accumulation de ces îles était sans doute due au
règne des vents d’est ; je crus reconnaître parmi elles un banc régulier
de 65 mètres d’élévation sur lequel se dressait, en forme de
tour, un morceau tei’miné par une surface oblique haut d’environ
i6 mètres ; si je ne me trompe pas, elle s’était écartée de
son ancienne position d’environ trois milles dans le N. N. E.
Toutes ces îles errantes semblent être auprès des terres, autant
de satellites qui tournent autour d’elles, et viennent souvent
s’échouer sur les côtes, jusqu’à ce que, minées par la lame , leur
tirant d’eau diminue assez pour les mettre à flot, et que les
vents et les courants les entraînent de nouveau au large , ou sur
les banquises.
Vers dix heures du matin , nous mîmes en panne à trois milles
dans leN.E. de ces îlots en forme de pain de sucre, situés auN.E.
de l’île Laurie et à l’ouest du canal Washington ; et on envoya
aussitôt un canot de chaque corvette sur ces îles , pour juger de
la nature du sol et en rapporter quelques produits. Je fus désigné
avec M. le Guillou pour aller dans le canot de la Zélée. Nous
passâmes dans l’est des îles à pain de sucre ; mais la houle qui
brisait partout dans l’est, empêcha d’aborder eu aucun point ;
d’un autre côté, dans la partie la plus abi’itée du S. 0 ., la cote
était tellement escarpée et entourée de glace et de neige , qu’elle
était partout inabordable. Nous nous dirigeâmes donc sur un
autre îlot, à un demi-mille dans le S. E., et nous trouvâmes une
petite crique où les can-ots purent entrer et se mettre a 1 abri derrière
un brisant et des glaces échouées au milieu de l’ouverture.
Cet îlot était la possession de pingouins, que nous vîmes par milliers
entassés sur ses flancs et d’oiseaux de mer qui tous firent
un bruit effroyable en nous voyant appi'ocher. Nous y débarquâmes
avec la plus grande facilité ; les matelots des deux corvettes
gravirent en un instant les rochers , se précipitèrent aussitôt sur
les pingouins qui se laissaient assommer d’un air stupide , et les
firent rouler vers le rivage,en faisant retentir ces antres sauvages