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vues antérieurement, et que personne ne peut nous en disputer
la découverte , surtout de celles de l’est. 11 est de l’honneur de la
France de ne pas laisser cette exploration inachevée. Elle doit
faire déterminer les limites de ce que nous avons découvert,
avant que d’autres n’aillent faire la récolte que nous avons semée
avec tant de peines. 11 faut qu’on cherche à contourner ces terres
au sud, si le bonheur favorise l’expédition qui y sera envoyée,
ou qu’on fasse au nord la partie que le temps nous a empêché
d’explorer. Ce problème est important à résoudre dans fintérêt
de la géographie et de la science, et trop heureux sera celui qui
aura cette tâche honorable à remplir.
{M. Monlravel.)
Note i3 3 , page i63.
La journée débuta par un vent violent. Une brume des plus
épaisses masque f horizon. Nous avons dû ranger cette nuit les
terres de l’île Middle de très-pi’ès sans les apercevoir. Ce n’est
qu’à une très-faible distance que, ce matin, nous pouvons recon.
naître les terres des Shetland, et à midi file Déception. Les terres
de cette dernière sont bien dégagées de neige , et doivent paraître
belles, comparées aux terres que nous venons de quitter. Notre
point nous confirme que les terres que nous avons reconnues se
trouvent dans l’ouest de toutes celles connues jusqu’ici.
(M. Dumoulin.')
Note i3 4 , page i 68.
A minuit, le vent sauta brusquement au S. O., et la pluie, qui
tombait auparavant, se convertit aussitôt en neige très-épaisse qui
nous plongea dans l’obscurité la plus complète , tellement qu’on
fut obligé de ne pas faire route. Les voiles et les agrès furent couverts
en peu de temps d’une telle quantité de neige , qu’elle s’en
délachail quelquefois par paquets capables d'étourcUr ceux qut
étaient dessous. La température, qui eKangea brusquement,
transit les hommes de froid et en fit tomber plusieurs malades.
Le vent devin, très-violent, et nous attendimes le jour avec la
plus vive impatience. A quatre heures du matin , dès que celut-e.
L m t , nous aperçûmes la eôm S. 0 .. de Me Snow, qrte nous
avions derrière nous. Noue position était donc tres-mauvaisc.
Nous gardâmes beaucoup de voiles, malgré la violence du vent,
au risque de casser quelque vergue, et réussîmes à doubler 1 lie a
l'honneur. Nous eûmes pendant quelque temps les inquietudes
les plus vives pour lUs/roWe ; car c'eût été naufrage.- presqu'au
por t à la fin de noU-e exploration, et l’état de la mer nous eut empêchés
dé lui porter probablement aucun secours. Enfin, le temps
s'embellitun peu, et nous dîmes adieu avec joie â ces terres glacées.
Le premier épisode de notre campagne venait d’être heureusement
e J , e t, si nous avions échoué en cherchant à dépasser les colonnes
d'Hercule de nos prédécesseurs, la chance d'y réussir, des
en partant, était on ne peut plus hypothétique. Nous avions
suivi de près et bien reconnu deux cents lieues de banqn.se, sans
trouver de passage, rectifié la position dé beaucoup de terres,
découvert trente lieues d'une côte nouvelle et fait une foute d observations
de physique demandées par nos savants. Tout cela
valait bien quelques degrés de plus vers le sud; nous navrons
donc pas â nous plaindre, car la navigation et la geographic devaient
en refirer des avantages réels. L'existence de toutes ces
lerres nouvelles et de celles d'Enderby porte à penser quil eu
e.xiste encore beaucoup d'autres dans les régions antarctiques, et
que le eoutincnt austral cherché longtemps par le capitaine Cook
iaiis la zone tempérée, que les géographes de son temps regardaient
comme un contrepo'ids indispensable pour lequ.libie du
monde, existe par le fût, pour une raison toute autre, sans doute,
qu-il ne nous est pas permis de découvrir , e. par une latitude
beaucoup plus élevée.