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274 NOTES.
reconnaissances dans les régions australes n’ont pas même songé,
loin de l’avoir tenté. Nous avons abordé la banquise, lutté corps
à corps avec les glaces, et bravé la nature dans ses retrancbe-
ments les plus formidables. Tant d’efforts, tant de nobles travaux,
la sagacité et l’activité du chef qui nous dirigeait, et qui, dans ces
circonstances péxilleuses, nous a laissé voir tous les talents d’un
marin expérimenté, méritaient sans doute de plus heureux résultats.
Le commandant prend enfin le sage parti de ne plus chercher
à lutter contre la nature et les éléments , et d’attendre notre
salut des causes mêmes de la triste position où nous nous
trouvons.
Ce matin , je suis allé avec l’ingénieur observer l’intensité sur
une des plus grosses glaces qui nous environnent. Un léger
mouvement rend peut-être douteux les résultats que nous avons
obtenus.
(A/.- Gervaize.)
Note 78 , page 108.
La banquise se resserre de nouveau et les glaçons s’amoncèlent
autour de la coi'vette. Une longue houle commence à se faire sentir
et à occasionner des chocs très-violents. On entend la mer
briser au loin sur les bords de la banquise dans le N. 0. ; on est
obligé de manoeuvrer les amarres et les espars pour éviter le choc
des gros glaçons.
A huit heures du matin, malgré la neige qui tombait très-
serrée, on voulut profiter d’une brise assez fraîche du N. E. pour
nous frayer une route au milieu de la banquise. On fit donc de
la toile. Les hommes travaillaient en dehors pour démolir et
écarter les glaces qui s’opposaient à notre passage ; mais tous nos
efforts furent impuissants. Il fallut y renoncer et amarrer de nouveau
la corvette sur un gros glaçon qui nous restait dans le
N. N. O.
(A/. Marescot.)
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Noie 7 9 , page 1 1 0 ,
Nous nous étions éloignés beaucoup , malgré nous , de \ Astro-
labe, et nous ressentîmes pendant la matinée d’assez fortes secousses,
occasionnées par l’action de la boule qui pénétrait jusqu’à
nous. Nous nous trouvâmes entourés des mêmes glaces que la
veille, ce qui nous prouvait que nous ne dérivions qu’avec la
masse, quoique plus en dedans que Y Astrolabe. A ses mouvements,
nous dûmes juger qu’elle souffrait plus que nous , et nous redoutâmes
d’être bientôt séparés d’elle si le temps continuait, ce qui
n’était que trop probable. Le seul mouvement qui s’opéra dans la
journée fut que la neige remplaça la pluie, et ne permit guères
d’occuper les hommes pour les arracher au z’epos el à l’ennui qui
pouvait en résulter. Le défaut de variété qui écrase la vue quand
on contemple pendant quelque temps f horizon d’une banquise,
nous faisait pi-endre le plus vif intérêt au moindre objet qui pouvait
en rompre la monotonie. C’est ainsi que l’apparition d’un
phoque sur une glace , le vol d’un oiseau , étaient des objets qui
acquéraient à nos yeux une importance qu’on se figurerait diflici-
lement dans toute autre position, et chacun prit un vif intérêt au
grand événement de la journée ; ce fut un quebranta-huesos tué
au moment où il venait dévorer les débris d’un phoque qu’un de
nos habiles chasseurs avait percé la veille d’une balle qui lui
avait traversé le coeur. Cet oiseau remarquable, qui appartient à
la Umille des pétrels,dont il est le géant, fut une excellente acquisition
pour nos naturalistes. Son envergure, de 4 mètres et demi,
égalait celle des plus grands albatros ; mais il me parut avoir les
ailes plus arquées et le vol plus effilé qu’eux. Sous cette atmosphère
vaporeuse , il paraissait, en volant, d’une grandeur démesurée.
La brume remplaça la neige pendant la nuit, car leur règne alternait,
et il étaitbien rave que le soleil gardât longtemps son empire.
(Af, Dubouzet.)