Eli
208 NOTES.
nous apercevons des glaces de formes diverses et d’un grand volume.
L’après-midi, le vent nous favorise de nouveau, nous longeons
un nombre considérable d’îles de glace, nous en sommes
cernés. La plus grande vigilance est exercée pour reconnaître leur
approche au travers des vapeurs qui nous les cachent. Plusieurs
f o i s l e c a p est changé pour les éviter, nous devons nous estimer
heureux de la longueur des jours qui donne plus de facilité poulies
distinguer. L’air se refroidit à l’approche de ces grandes masses
et rend le séjour des chambres préférable à celui du pont. Ilneige
constamment et à gros flocons dans la soirée.
(Ti. Desgraz).
Note 18, page [\k.
Les glaces que nous voyons en grand nombre, étaient plutôt,
avec un pareil temps , un agrément qu’un embarras pour la navigation.
Leurs formes variées à l’infini fixaient nos regards, et
elles étaient pour nous autant de points de distraction semés sur
notre route pour faire diversion à la monotonie de l’Océan. Nous
vîmes dans la journée une de ces grandes îles , dont la hauteur
fut mesurée de 45 mètres, et son étendue de 600 mètres ; sa hauteur
était uniforme, ses formes étaient perpendiculaires, et n’avaient
encore subi aucune altération depuis qu’elle s’était détachée
de la carrière. Une seconde île moins grande et qui n’avait que
3 o mètres d’élévation, se distinguait des autres, en ce que la glace
compacte se montrait à nu à son sommet et sur ses flancs, au
lieu de la neige qui recouvre habituellement les autres, et 011
voyait à l’obliquité des strates que sa base actuelle n’était plus
celle de sa formation. Ses côtés reflétaient toutes les nuances du
bleu, du rouge et du violet les plus éclatantes , qui lui donnaient
le brillant des pierres précieuses. Je ne sais si cette coloration ne
devait pas être attribuée à l’inégalité des surfaces et à l’inégalité
A||
de densité des couches qui les composaient, qui font décomposer
à chaque partie la lumière d’une manière différente , ou plutôt
renvoyer à l’oeil qui les observe, des rayons différents du prisme
suivant leur obliquité, par rapport au rayon blanc qui les
éclaire.
{M. Dubouzet.)
Note 1 9 , page 45-
Les glaces continuent à se montrer de tous les côtés; à chaque
instant, nous en apercevons de nouvelles et nous pouvons à noire
aise considérer leurs formes , tantôt irrégulièrement déchirées ,
tantôt parfaitement unies. C’est un spectacle tristement beau, une
scène où le merveilleux s’unit à un sévère grandiose, dont les premiers
détails surgissent devant nous. A chaque instant, ce sont
de nouvelles formes, de nouvelles découpures ; ici la mer a taillé
d’immenses blocs en parois droites et élevées , plus loin elle a
creusé des interstices, posé des franges arrondies sur des pentes
irrégulières, où chaque jour elle amène un changement. Sculpteur
puissant, en quelques heures, l’Océan dans ses fureurs peut
changer les décorations de ces régions inclémentes et tailler de
nouveaux édifices sur le corps des anciens.
( M. Desgraz. )
Note 20, page 46-
Nous trouvons beaucoup de glaces sur notre route; elles compliquent
la navigation ; mais si nous ne ti'ouvons pas le chemin
plus embarrassé dans le sud, j’ai grand espoir de réussite.
Par des temps clairs et une brise maniable, le voisinage des
hautes îles de glace n’est rien avec des hommes exercés ; un navire
qui évolue bien , serait toujours sûr de parer en s’y prenant
un peu à l’avance. Avec des brumes et de grandes brises c est aur