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le commandant retourna à bord de IVIi/ro/iTe, et nous continuâmes
à nous diriger au N. 0 ., autant que pouvaient nous le
permettre les glaçons qui, à chaque instant, nous forçaient à
changer de route.
( M. Jacquinot. )
Note 70 , page io4.
La brise s’étant élevée, dans la matinée, du S. 0 ., à huit heures
nous fîmes voiles. Le commandant d’IJrville vint alors abord
dans un petit canot, et, après s’ètre concerté avec notre commandant,
le prévint que, reconnaissant l’impossibilité d’aller plus
avant au sud, désormais il avait l’intention de chercher à sortir le
plus tôt possible de la banquise , e t, pour cela , de ne faire voile
qu'avec des vents qui nous permettraient de porter entre le N. E.
et le N. O. Après qu’il nous eut quittés, les deux corvettes reprirent
leur route, et nous fîmes environ trois milles au N. O.jmais,
arrivés là, les glaces étaient devenues si compactes qu’il nous fut
impossible d’avancer d’un pas. On serra donc les voiles ; le calme
survint et fut suivi de brume. Nous travaillâmes alors avec une
activité et une persévérance dignes d’un meilleur succès , à nous
ouvrir un chemin au milieu de ces masses, au moyen d’aussières
qu’on portait de glaçon en glaçon en avant, et sur lesquelles on
virait au cabestan. Nous réussîmes ainsi, en travaillant jusqu’à
minuit, à avancer de près d’un mille , en brisant les plus petites,
écai’tant les autres au moyen de faux-bras , de léviei’s et d'ans-
pects. Nos maîtres y mettaient la plus grande ardeur, et c’était
pour eux presque un amusement, de coui'ir ainsi sur les glaces ;
ce travail, bien qu’il eût ses dangers, était on ne peut plus salutaire
, ne fût-ce que pour occuper leur esprit, et devait avancer
notre sortie, si le vent la favorisait par la suite ; mais nous ne devions
pas espérer le trouver toujours praticable jusqu’aux limites
de la banquise , et nous ne pouvions pas nous dissimuler qu’ar-
rivés là , si le vent ne nous aidait pas , privés de points d’appui
pour placer nos aussières en avant, nous ne cesserions d’avancer
, et resterions , comme Tantale, exposés au supplice de voir
la plaine liquide devant nous sans pouvoir la toucher. Dans la
soirée, les glaces, poussées par un vent qui s’éleva du nord et
du N. N. E., se serrèrent tellement que nous ne vîmes plus tout
autour de nous qu’une plaine de glaces compactes , et quon put
communiquer d’une corvette à l’autre , quoiqu elles fussent alois
à près d’un mille ; car nous avions fait en vain tous nos efforts
pour naviguer très-rapprocbés les uns des autres, afin qu un
bâtiment profitât du vide que laisserait l’autre derrière lu i, ou
naviguât dans ses eaux. C’est pour cette raison que nous n’avions
p u , en cherchant à nous frayer un chemin à travers les
glaces paquetées, employer le moyen auquel ont recours les baleiniers
qui traversent les glaces du détroit de Davis, qui consiste
à s’amaiTcr les uns sur les autres, et à réunir toute la force sur
celui qui est en avant. Quand nous fûmes forcés de nous arrêter ,
une gi’ande partie des officiers de la Zélée profita du chemin solide
qui lui était offert par les glaces , afin d aller rendre visite a
nos collègues de Y Astrolabe. La bande joyeuse fit retentir, dans
la route , ces champs de glace si tristes , des accents bruyants de
sa gaieté, qui jurait avec leur aspect de désolation, mais qui fut
pour nous tous du meilleur augure et du meilleur exemple pour
nos équipages. Un punch fut offert aux visiteurs qui, en revenant
à bord, trouvèrent la glace un peu moins solide, ce qui prouvait
qu’il ne sei’ait pas prudent de s’aventurer souvent si loin sur
des glaces paquetées comme celles qui nous enfermaient alors.
Afin dépasser la nuit, nous nous amarrames solidement sur plusieurs
glaces , en nous formant avec elles une ceinture pour nous
garantir, en cas de dérive, du choc des autres ; cette précaution
fut prise à propos; car, dans la nuit, le mouvement qui s’opéra
dans ces masses nous jeta pi’ès d’une grosse glace d exi viron lo mè-
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