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Note i i5 bis, page 148.
Au couohei- du soleil, il se fait une éclaircie magnifique ; toutes
ces terres, qu’on n’avait entrevues encore que par parties détachées,
nous apparurent tout entières baignées dans les rayons du
soleil couchant. La brume persista pourtant dans l’ouest, et nous
empêcha d’assigner de ce côté une limite visible à la terre qui se
déroulait devant nous. L’angle sous-tendu par la partie qu’on
pouvait distinguer dépassait 180“.
Pendant que nous allions ainsi l’egagner une mer libre et
moins chanceuse, la terre, éclairée par les rayons solaires, se
montrait parfaitement avec ses accidents de montagnes neigeuses,
avec ses pointes avancées et ses arêtes saillantes. Toutes les remarques
qu’on avait déjà pu faire , quand le ciel était moins
pur, furent alors confirmées, seulement on soupçonna que la
pointe près de laquelle nous avions viré de bord était une île qui
pouvait avoir de trois à quatre milles de longueur, et qui se trouvait
très-près de la grande terre qu’on voyait derrière.
Parmi toutes ces terres, on en chercha une qui pût répondre à
la position et aux descriptions qu’on avait pu faire de l’île Hope ,
il était juste de lui conserver son nom et sa place ; mais rien ne
parut s’accorder avec ce qui était marqué sur la carte. On appela
la grande île qui se trouvait au milieu du détroit l’île Rosamel,
en fbonneur du ministre de la marine qui avait témoigné tant
d’intérêt à notre voyage au pôle sud. Quant à la grande terre qui
formait la limite ouest du détroit; on la nomma Terre Louis-Philippe.
Il restait encore bon nombre d’autres points à baptiseï ;
mais jusqu’ici lien n’a été décidé à cet égard. Ne serait-il pas
juste, aux deux premières dénominations françaises, de joindre
également les nom.s des marins qui nous dirigent.
Pendant quon coui’ait à terre, on avait remarqué un glaçon
d une forme et d une' couleur telles que les uns se plaisaient à y
deviner un rocher inconnu, tandis que les autres n’y voyaient
qu’une glace tailladée d’une manière bizarre. En repiquant au
large , on gouverna pour en passer à très-petite distance sous le
vent. Ses arêtes sales et noirâtres avaient singulièrement exercé
l’imagination de chacun ; toutes les lunettes étaient braquées pour
décider si c’était encore une découverte ou un glaçon, lorsque
bientôt on put s’assurer que la seconde opinion était la seule admissible.
Cette glace singulière était composée, comme les autres,
de couches superposées ; les premières seulement offraient comme
des traces de terre et de sable. Ne serait-il pas possible que dans
ces éboulements , qui doivent arriver si souvent dans ces régions
australes, un pareil glaçon eût été arraché du sol auquel il était
adhérent pour êti’e ensuite précipité à la mer dans une avalanche,
en conservant l’empreinte et quelques débris de la terre ou il s é-
tait formé?
(Af. Marescot.)
Note 1 16, page i48-
Ici, le commandant ayant changé la route des corvettes au lieu
de continuer à longer les Shetland , notre cap a été mis au sud ;
des terres inconnues se présentent au sud. Certes , il fallait avoir
navigué dans les glaces , avoir vu les différents aspects de la glace
pour reconnaître, dans la masse blanche qui se voyait devant
nous , une nouvelle terre, une nouvelle fraction du globe inconnue
encore. Si, du moins, la fortune n’a pas secondé nos désirs
en nous conduisant à de hautes latitudes , au moins elle a pei mis
que notre tentative ne soit pas stérile. Notre voyage ne tombera
pas dans l’oubli; la découverte qui vient d’ètre faite lui conservera
un long souvenir.
Cette tei’re a l’apparence d’un continent coupé par un large
canal ; on aperçoit dans l’éloignement une pointe qu on suppose
être une île. L’horizon très-chargé, la teinte jaunâtre particulière
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