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Mai. Zélande ont, comme ceux des îles Taïti et Ihivvaï,
songé à leurs intérêts, tout en cherchant à faire des
prosélytes : ils possèdent des terres, dont la valeur sera
bientôt considérable, grâce à rocciipation anglaise.
Bien que, généralement, on n’ait pas de graves reproches
à leur adresser, ainsi qu’à leurs frères de l’Océanie,
sur leur conduite privée, cependant il existe
entre eux et les missionnaires français une rivalité
fâcheuse, e t, si j ’en crois ce qui m’a été affirmé par
des personnes dignes de foi, ils emploiraient non-
seulement les armes, pour ainsi dire légitimes, de la
polémique et de la prédication pour lutter avec leurs
rivaux et leur enlever leurs prosélytes, mais encore,
par des calomnies coupables, ils auraient cherché à
vouer tous les Français à l’animadversioii des naturels,
en exploitant habilement le souvenir de la vengeance
que tirèrent les vaisseaux de Marioii du massacre de
cet infortuné navigateur et de ses gens. Les ministres
protestants chercheraient ainsi à réveiller contre le
nom français la haine des indigènes, et ils représenteraient
constamment nos missionnaires comme étant
des envoyés de Satan, des hommes ambitieux, qui
viennent les dépouiller de leurs biens, sous le manteau
d’une religion immorale. Heureusement, la modestie
et le désintéressement incontestables de nos
prêtres ne laissent aucune prise à de semblables calomnies.
La population zélandaise de la Baie des Iles et des
districts du nordaété considérablement réduitepar les
guerres d extermination que l’introduction des armes
à feu a rendues encore plus désastreuses. Ces tribus
ont gagné, à l’arrivée des Anglais, de vivre dans
une paix qui n’est plus que rarement troublée par
des contestations sans importance; mais ils n’ont
contracté aucune habitude de travail qui puisse les
mettre un jour au niveau des Européens ; leurs besoins
sont restés bornés : quelques pommes de terre
et un peu de poisson suffisent à leur nourriture, et
leur industrie ne les pousse en aucune façon à cultiver
le sol au delà de ce qui leur est nécessaire. C’est
à tort que l’on a espéré de pouvoir promptement
amener ces hommes à cultiver le sol ; c’est à tort que
l’on a prôné l’assistance des naturels pour aider les
Européens à défricher le pays. Je crois cependant que
si la race zélandaise ne disparaît pas totalement devant
la civilisation, et si le gouvernement anglais, qui tôl
ou tard dominera sur ce pays, sait prendre des mesures
suffisantes pour pousser les générations futures
vers les travaux de l’agriculture, il arrivera un jour
où les Nouveaux-Zélandais seront, comme les Malais
dans l’archipel indien, les véritables cultivateurs de
la Nou velle-Zélande ; mais il faudra du temps encore
pour que la population actuelle puisse se plier aux
rudes travaux des champs. Sans l’intervention puissante
du gouvernement, il arrivera, dans ces contrées,
ce qui arrive toujours, c’est que les Européens
repousseront loin d’eux les naturels qui leur seront
d’abord inutiles, et peu à peu les Sauvages de la Nouvelle
Zélande disparaîtront de ces île s , comme déjà
on Fa remarqué pour les indigènes de Yan-Diemen.
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