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une profonde animosité contre M. Hobson, chargé
de mettre à exécution ces règlements, qui, il faut
bien le reconnaître, garantissaient les intérêts de
ceux qui viendraient plus lard se fixer sur ces îles ;
aussi le gouverneur reçut-il à Korora-Reka un accueil
peu flatteur, tandis que les missionnaires anglais
et les propriétaires de terres acceptèrent son
autorité avec empressement, parce qu’elle garantissait
leurs intérêts personnels. M. Bonnefin m’apprit
que cinq ou six Français habitaient le village de Korora
Reka; tous avaient protesté contre la prise de
possession britannique. Nos compatriotes, plus que
tous les autres, étaient, disaient-ils, exposés aux
vexations des agents de M. Hobson ; la présence de
nos missionnaires sur ces terres donnait naissance à
une rivalité entre eux et les missionnaires anglais
auxquels ils faisaient une concurrence redoutable,
d’où il résultait nécessairement que nos compatriotes
avaient plus de droits que les autres au mauvais vouloir
des autorités. Sans aucun doute, je ne pouvais
croire sur parole M. Bonnefin, dont les intérêts
avaient été fortement froissés par l’occupation anglaise;
toutefois, ces détails, qui me furent donnés
en présence de l’abbé Petit, dont le caractère paisible
et désintéressé m’était personnellement connu, attirèrent
mon attention et me firent vivement regretter
de ne pas avoir les instructions nécessaires pour rendre
notre passage utile à nos compatriotes.
Je quittai la maison des missions françaises pour
visiter le village de Korora-Reka. La plaine sur laquelle
il est assis s’éleud en demi-cercle à la distance d’un
quart de mille du rivage ; elle est bornée d’un côté par
ia mer, de l’autre, par une chaîne de collines totalement
déboisées ; aussi son aspect est des plus tristes;
l’oeil cherche en vain dans les alentours un peu de
verdure où il puisse se reposer. Le centre de cette petite
plaine est occupé par le village des indigènes,
autour duquel se sont groupées sans ordre les maisons
des Européens; la plage est garnie de galets et
de sable, et, sur toute la longueur du rivage, des maisons
en bois ont été élevées. Derrière ce premier
rang, les habitations européennes sont plus rares,
mais chaque jour on y élève de nouvelles constructions.
J’ai aperçu un grand nombre de tentes sous lesquelles
campent les nouveaux arrivés, jusqu’cà ce
iju’ils aient pu se construire des habitations. Le village
indigène a conservé les palissades qui servaient à le
fortifier. Dans l’intérieur de cette enceinte se trouvent
toutes les cases des naturels; celle du chef se
faisait remarquer par quelques ornements d’une architecture
grossière, mais d’un travail assez remarquable.
Nous en trouvons une description assez détaillée
dans le journal de M. Roquemaurel. « La pluie,
qu i, dans ce climat variable, d it - il, survient très-
souvent au milieu d’un beau jour, nous ayant forcés
à chercher un abri, nous nous sommes présentés
devant cette case; elle était occupée par une dizaine
d’individus de tout âge et de tout sexe, qui, par
leurs signes, par les médaillons et les chapelets qu’ils
poiTaicnt, m’ont appris qu’ils étaient catholiques ou
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