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1840.
Avril.
picopo. Tons couchés on accroupis sur un lit de paille,
enveloppés d’une épaisse couverture de laine, et la
pipe courte ou brûle-gueule à la bouche, ils semblaient
goûter les douceurs réunies du far niente, de la siesle
et du kief. N’ayant pu trouver place dans la case, où il
n’y avait de libre qu’un passage large de deux pieds
qui séparaient les deux lits de fougère, c’est sous le
jiortique extérieur que j’ai dû chercher un abri; ce
portique occupe toute la largeur de la case, c’e s t-à -
dire 4 à S mètres, et s’avance d’un mètre et demi ; il
est couvert par le prolongement du toit de la case, et
divisé comme elle en deux couchettes, au moyen de
deux planches qui laissent im passage au milieu. Les
cloisons et la voûte sont faites en petites baguettes ou
roseaux proprement ajustés en faisceaux parallèles,
colorés en noir et en rouge, de manière à former des
dessins en damier. L’encadrement de la porte, qni
n’a pas tout à lait im mètre de hauteur, et celui d’une
petite fenêtre qui donnent l’un et l’autre sur le portique,
sont chargés de sculptures bizarres peintes en
rouge. La corniche qui termine le toit du côté du
portique est travaillée dans le même goût; ¡’intérieur
de la case n’olfre rien de particulier dans sa construction
, il ne diffère de celle du portique que par une
plus grande simplicité et par l’absence de toute décoration.
Le toit est formé par une couche épaisse de
chaume, disposé par paquets reliés ensemble au
moyen d’une petite tresse; ce toit déborde les murs
de la case de près de un mètre. Vers les côtés les plus
exposés à la pluie , vers l’ouest et le sud , il s’abaisse
presque jusqu’à terre, et il est soutenu par une rangée
de piquets. La partie supérieure du toit est recouverte
par un réseau de cordes à larges mailles, tendues par
des cailloux qui pendent sur les côtés. Ce fileta pour
but de maintenir le chaume contre la violence du
vent ; les dimensions intérieures de la case sont d’environ
4 mètres de largeur sur 6 de longueur. Le faîte
de la voûte s’élève à environ 2 mètres au-dessus
du sol. La hauteur des côtés est d’un peu plus de
1 mètre. »
Les habitations des naturels indiquaient la plus
profonde misère; elles ressemblaient à celles que
nous avions vues à Otago et à Akaroa; les malheureux
Sauvages qui les habitent, n’avaient gagné au
contact des Européens qu’un goût effréné pour les
liqueurs fortes et le tabac; ils regardaient d’un oeil
indifférent les émigrants traçant des rues, élevant
des constructions et bouleversant tout le terrain occupé
jadis pardeurs tribus guerrières. De temps en
temps on les rencontrait tendant la main aux passants
pour obtenir une aumône qu’ils portaient immédiatement
au cabaret le plus voisin. Quelques-uns d’entre
eux s’étaient loués comme domestiques, mais ils se
montraient extrêmement indolents, et ne rendaient
que fort peu de services. Ainsi, partout la civilisation
avait réagi de la même manière sur ces pauvres
Sauvages; l’industrie, loin de faire chez eux des progrès,
s’éteignait rapidement; leurs moeurs, loin de
s’améliorer, étaient devenues pires; leur humeur
guerrière semblait avoir cédé devant cette dégrada-
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