dont la culture est sagement entendue, sont énormes
et d’une saveur exquise.
M. Smith possède un innombrable troupeau de
moutons, dont la laine, importée à grand profit sur
les marchés de la métropole, forme un des principaux
produits de son exploitation. Après une demi-
journée qui s’écoula comme une heure au milieu de
celte excellente famille, il nous fallut prendre congé,
mais on ne me laissa partir qu’à la condition formelle
de revenir bientôt. C’est une sainte vertu que l’hospitalité
, et les riches colons de Van Diemen’s land
l’exercent avec une bienveillance toute particulière.
J’avais accepté une invitation à dîner chez le ministre
de Richmond, le révérend ***, excellent
homme, pasteur de la naissante cité, et chargé
de l’amélioration religieuse des convicts. A cinq
heures je me rendis avec M. Rreton à la demeure du
ministre. Une jeune et charmante femme nous reçut
dans un joli salon, dont le principal meuble était un
piano. Mistriss *** parlait le français correctement et
avec une pureté bien remarquable chez une Anglaise;
l’accent britannique, si rude et si plaisant d’ordinaire,
avait dans sa bouche une originalité toute gracieuse.
Le révérend “ * parlait aussi facilement notre langue,
et malgré quelques vigoureuses lances qu’il me fallut
rompre avec lui, à l’endroit des missionnaires anglais
de l’Océanie que j’avais eu occasion de voir de bien
près, je passai une cbarmanle soirée.
Après le dîner, la conversation tomba sur la France,
sur ses monuments et naturellement sur l’empereur
et son règne. M. Rreton en parlait avec enthousiasme.
Il citait ses admirables campagnes, son génie organisateur,
les magnifiques travaux d’Anvers qu’ii avait
visités dans leurs plus petits détails. Le ministre,
homme de paix, était loin de partager les sympathies
du magistrat, et, chose étrange (et je cite ce fait parce
qu’il prouve que îa plupart des odieux préjugés que
nourrissait le peuple anglais au temps de la guerre
sont encore vivaces ) , le ministre, homme éclairé
appartenant à la classe lettrée de sa nation, citait à
l’appui de son dire tous les plats libelles, les faits
controuvés, les atroces calomnies que les ministères
Pitt et Castelreagh avaient répandus dans le peuple.
Pendant le court séjour que j’ai fait à Richmond, il
est impossible de dire toutes les politesses aiïéctueuses
dont j’ai été comblé ; j’en emportai un vif sentiment
de reconnaissance.
Le sol du district de Richmond est bon, surtout
dans les vallées ; il offre d’excellents pâturages, dans
lesquels on élève de nombreux bestiaux. J’y ai vu
des céréales magnifiques croissant dans le plus riche
terrain qu’on puisse se figurer; les meilleures terres
se vendent de 65 à 70 liv. sterl. l’acre (1750 fr.).
De Richmond à Sorrel, la distance est de 12 milles,
on n’y rencontre que quelques fermes assez clairsemées;
le pays est montueux et très-accidenté; les
collines sont couvertes de bois, qui, chaque jour,
tombent sous la hache des défricheurs.
L’emplacement de la ville est très-vaste, mais.