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dév elopp em en t et q u i chaque jo u r voitaccroître le nombre de ses
habitants. On y trouve déjà presque tous les approvisionnements
nécessaires à un navire et des vivres frais en grande abondance.
Le village s’étend su r le bord de la mer et ne forme ju sq u ’à présent
q u ’une tr è s-lon gu e rue, faisant face à la baie, mais bâtie sans
au cu n e régularité. Chacun après avoir acheté son terrain y a
planté sa maison comme il lu i a convenu . Les nouveaux débarqués
q u i n ’ont pas encore de toit pour se mettre à l’abri, campent
sous des tentes en attendant q u e l ’on ait bâti leurs maisons, qu i
leu r cou le ront fort cher. Les maçons, les charpentiers sont des ou vriers
libres de S yd n ey ou d ’H ob a r t-T ow n et les tei rains sont
déjà d ’un prix exhorbitant.
d o u te s ces terres, q u i ont été acquises à vil prix des indigènes,
sont devenues l’objet de spéculations assez importantes , q ui ont
déjà produit des bénéfices énormes, et en auraient donné d ép lu s
consirables encore, si le gouvernement ne les avaient arrêtés tout
à cou p . Voici ce q u i s’est passé à cet égard.
Avant la prise de possession par les Anglais, qu elques a v en tu riers
arrivés sur les lieu x avec un p eu d’argent comptant, q u e lques
pacotilles de couvertures, de mauvais fu sils, etc., e tc ., ont
p u acheter des chefs indigènes de vastes .propriétés , q u ’ils ont
vendues aux nouveaux débarqués avec des bénéfices de p lu s de
100 pour 100. Plu sieu r s d’entre eux , et notamment quelques
Français que nou s avons été étonnés de rencontrer, avaient déjà
réalisé beaucoup d’argent comptant quand vint l’occupation anglaise
définitive.
Le premier acte de la nouvelle administration fui d’interdire
impérativement ces sortes de marchés et de se mettre aux liéu et
place des vendeurs. P our en arriver là, on réu nit presque tous
les chefs de cette partie de J’île , et, de gré ou de force, on leur fit
signer u n acte par lequel c eu x -c i s ’engageaient à ne vendre leurs
terres q u ’au gouvernement, q u i les revendrait à sa convenance
aux arrivants. A in s i, ceux q u i postérieurement avaient acquis
des naturels se trouvaient dans l’impossibilité de l'evendre aux
particuliers et devaient naturellement passer par les mains de
l’adm inistra tion.T ou t cela ne laisse p a sq u e d’ètre d’une in iq u ité
parfaite : l’administration se ferait largement la part du lion . H eu reusement
on voulait bien laisser aux colons les propriétiîs q u ’ils
avaient acquises avant la promulgation de l’acte. Mais pou r les
Français, la ch ose était plu s com p liq u é e , a tten du q u e ju sq u ’à
présent la France, pas plus que les E ta ts-U n is, n ’a v ou lu reconnaître
la prise de possession de l’Angleterre.
N ous débarquâmes à Pahia f o l i e baie dont le rivage et les en virons
sont exclusivement habités par la mission anglaise. Les
pieux apôtres y ont construit decharmantes maisons entourées de
beaux jardins remplis de fleurs et d ’excellents légumes. Les p au vres
gens! il y règne une paix, une tranquillité parfaite, et on
pourrait se croire transporté dans un des p lu s riants villages de
la vieille A ngleterre, si , de temps en temps on n’apercevait quelques
pauvres diables de Zélandais en sales g u e n ille s , che z q u i le
tatouage et la fierté sauvage a fait place à la mine cafarde et aux
cheveux plats d’un apprenti méthodiste. N ou s avons trouvés là,
comme dans les b elles îles de la P o lyn é sie , ies missionnaires anglais
r ich e s, h eu reux , à quelques rares exceptions près, gras et dodus,
portant sur leurs lai-ges faces l’expi’essioh de la p lu s profonde béatitude
, exploitant à leur profit, pressurant les populations chez
lesquelles ils sont allés porter la parole de D ieu , marchands pour
la plupart et s'occupant fort p eu de leurs oua illes, si ce n’est à leu r
profit. APûâ i’a ,n ou s les avons trouvés p lus riches que partout ailleu
r s. Leurs b a sse -cou r s étaient admirablement fournies, et de
beaux et nombreux troupeaux paissaient sur les collines en v iron nantes.
Ces homme.s ont de nombreuses familles, il faut les nourir,
ilfa u tso n g e r à l’a v en ird en om b r eu x enfants : le lu c r e a fa it oublier
l’Evangile. Le saint apôtre s’est métamorphosé en un marchand
cupide .
D iso n s -le bien vite, nos missionnaires ne ressemblent en rien
à c eu x -c i. Les sauvages, habitués à être pressurés par les Anglais,
ont été fort étonnés de voir de pauvres gens venir à leur
secours, leur tendre la main dans leurs besoins. C’est vraiment
un noble dévouement que ce lui de ces messieurs. Quitter son