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298 NOTE S.
galons de rhum. Les deux îles seront bientôt couvertes de colons
anglais. Que deviendra, au milieu de tout cela, notre pauvre colon
ie? En vérité, si tout cela ne promettait pas de finir bien
tristement, ce serait par trop r id icu le.
La baie d’Akaroa est un long boyau entouré de toutes parts de
hautes montagnes couvertes de b o is. Le p eu de naturels que
n ous y avons vu se composaient de trois à quatre familles, dont
les hommes passaient leur vie étendus comme des poui’ceaux,
cuvant Tcau-de-vie q u ’ils allaient mendier à bord des navires sur
rade, et dont les femmes, dégoûtantes créatures, se prostituaient
sans vergogne à tous les matelots qu ’elles rencontraient. Dans le
fond de la baie, nous avons trouvé u ne petite métairie ; c est u ne
maison assez propre, entourée d’un petit potager. Le propriétaire
est u n anglais; q u i y a amené quelques bestiaux qu il vend
aux baleiniers en relâche. {M- Demas .)
Note 19, page 163.
La baie de Taoné-Roa fut le premier mouillage de Cook sur
les côtes de la Nouvelle-Zélande ; il y trouva si p eu de ressources
qu ’il la nomma Baie-Stérile. Cette baie est immense ;
elle ofire au x vents d u S .-E . au N .-O . une vaste entrée q u i n a
pas moins de cinq milles, d’u ne pointe à l’autre. II y règne presqu
e toujours u ne longue h ou le de S .-E . e td ’E . S .-E . , très-fati*-
gante, et partout sur la plage la m er déferle avec violence. U n navire,
pris au mouillage par un coup de vent, de cette partie, serait
gravement compromis. Ce mouillage est détestable, sur tou t pendant
Thiver, où les vents du S .-E . et d u S .-O . régnent presque
constamment. Le commandant s’était décidé a y jetei u n pied
d’ancre pour s’y procurer des c o c h o n s , q u i , d isa it-o n , s y t io u -
vaient en grande abondance. J’étais de co r v é e , et en conséquence
je reçus l’ordre d’aller traiter de l’achat de ces intéressants quadrup
èd es, notre un iq u e nourriture depuis p lu s de deux ans.
Le lendemain donc nous partîmes du bord, a cinq heures du
matin. Après une heure et demie de n a g e , nous arrivâmes devant
une plage sur laquelle la mer déferlait partout avec force. En
la prolongeant d’assez p rès, j’aperçus l’entrée d ’u ne petite rivière,
mais elle était fermée par u n e barre assez forte. P eu t-ê tr e en
attendant Vembellie, mon grand canot eût-il p u franchir ; m a is,
chargé comme il devait Tètre au r e to u r , il n ’eut jamais p u en
sortir. Le patron d’un petit cotre anglais , voyant mon embarras ,
me prêta fort obligeamment u n e baleinière. Je mouilla i mon
canot aussi près que possible de la b a r r e , et nous la franchîmes
avec la légère embarcation que je destinais à transporter les cochons
de la terre au canot. Sur la barre , il y avait h u it à d ix
pouces d’eau ; la rivière était assez étroite , mais bien en ca issé e ,
entre des bords argileux couverts de joncs. Le commissaire et son
coffre à marchandises me suiv a ien tde p r è s. Les naturels, en voyant
mouiller nos navires, étaient accourus au-devant de nou s, p ensant
b ien , tou t sauvages qu ’ils étaient, qu’il y avait quelque chose
à gagner. A u s s i, en mettant pied à te r r e , nous nous trouvâmes
au milieu d’une nombreuse pop u la tion ; tous ces braves gens
accoururent vers nous en poussant devant eux bon nombre de
pourceaux et bientôt commença le p lu s singulier marché que j ai
jamais vu . A quelques pas de la rivière se trouvait une misérable
cabane en chaume, sans toiture , le commissaire, craignant les
v o ls, cou ru t y établir sa bou tiq u e . Comme elle était peu large,
la caisse aux étoffes en occupait tou t le fond; sur le devant, nous
établîmes des espèces de tréteaux sur lesquels s établit, avec un
san g -fro id admirab le , un de nos m a te lo ts, le nommé Tausier,
gascon pur sang, q u i se mit à faire l’article avec u n aplomb merve
illeu x que n’eut pas désavoué le plus intrépide vendeur d orviétan
de nos foires. Je n’ai rien vu de plaisant comme cette
scène. « Voyez un p u , disait T au z ie r à tous ces sauvages peints
« o u tatoués , voyez u n p u cetté c o n v e r tu r é , jé né la vends
«p a s, jé la donné! pou r deux co ch on s.» C’était la meilleure
bouffonnerie que Ton p û t imaginer. Les couvertures avaient un
succès fou ; en u n instant elles furent enlevées et bon nombre de
cochons grognaient déjà au fond du canot. Malheureusement