^ VOYAGE
cupo, dii-on, de coiislruire un hôlel en dehors de la
ville, pour y loger le gouverneur de la colonie d’une
manière plus digue et plus en rapport avec sa po-
.silioii. Quelques beaux magasins se font remar-
(juer dans la ville, qui possède en outre un hôpital
pour les condamnés, une banque, un bureau de
poste, im palais de justice , une prison, une maison
de correeiion et plusieurs églises. Les casernes sont
siiiiées sur le haut d’ime colline; elles sont vastes,
bien aérées , et pariaiteinent bien assorties à l’usage
auquel elles sont destinées. Sur le bord de la
mer s’élèvent les bâtiments de la douane ; au moment
de noire passage, ils n’étaient point encore terminés
, mais chaque jour de nombreux ouvriers
elaieiit occupés à les construire , ainsi que les quais,
qui doivent s’étendre sur tout le pourtour de la rade.
La côte méridionale de la Tasmanie est, comme
ou le sa it, découpée par plusieurs baies où les navires
irouveiit d’excellenls abris. La baie des tempêtes
est vaste et profonde , mais elle est faiblement
défendue contre les vents de S. 0 . La rivière Der—
weiit est navigable pour les plus grands navires jus-
pi. CLXf. qu à Hobart-Town ; là, elle se rétrécit, et après avoir
formé un coude, elle remonle dans l’intérieur des
terres. C’est sur ses bords que se trouvent situés les
principaux établissements anglais ; les plaines au milieu
desquelles la rivière roule ses eaux , sont toutes
i‘i.fLxic couvertesde culture; et, bien que les villages, donlles
't"ck\ v avec orgueil, ne comptent
pas pour la plupart plus de douze à quinze maisons, il
DANS L’OCÉANIE 9
est probable qu’avant peu, grâce à l’industrie et h
l’activité anglaise, Tîle entière deVaii-Diémen sera
aussi peuplée et aussi bien cultivée qu’un de nos départements
du centre de la France. Déjà des routes,
parfaitement entretenues, établissent des communications
entre tous les points du littoral du nord au sud.
Des voilures publiques, conduites en poste et partant
régulièrement d’Hobart-Town, franchissent, en quarante
huit heures , la distance qui sépare cette ville
du port Dalrymple, situé dans le détroit de Bass. Tout
le long de cette route, on aperçoit, de distance en
distance, de petits clochers coquettement bâtis, autour
desquels viendront se grouper, avant p eu , de
nombreuses habitations.
Il y a cinquante ans à peine que deux frégates françaises,
conduites par leGoiitre-amirald’Entrecastaux,
envoyées à la recherche du célèbre et infortuné Lapey-
rouse, vinrent, pour la première fois, explorer la rivière
Derwent et recueillir des renseignements, qui
devaient profiter aux Anglais, avec qui nous étions en
guerre. Si on se reporte à cette époque, on ne saurait
trop admirer les prodiges enbintés par l’industrie
anglaise sur cette terre éloignée. Sans aucun doute, la
colonisation de l’île Van-Diémen, opérée par le moyen
de ces hommes que la société civilisée repousse de
son sein, comme lui étant hostiles, est un des exemples
les plus concluants en faveur du système des colonies
pénales. Sans aucun doute , la création d’Hobart-
Towii a dû coûtei- des sommes énormes à l’Angleterre
; il alVillii beaucoup de sacrifices pour arriver à