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bonne relriiiulion ; plusieurs sont arrives à de bonnes
positions de fortune ; on en cite même qui ont fini par
acquérir d’imporlantes propriétés. Ceux.au contraire
qui retournent en Europe, vont grossir les rangs de la
populace de Londres ; là, ils trouvent une concurrence
formidable; le maître qui a de bons ouvriers sous la
main, ne se soucie pas d’employer un homme qui arrive
avec le stigmate de Botany-Bay. Il lui faut vivre
cependant. Pendant sa détention, il a entendu mille
fois raconter les exploits des fdous, des malfaiteurs ;
car le crime, lui aussi, a sa gloire ; au bagne, dans les
maisons de correction, les hauts faits des héros de l’espèce
sont le sujet des conversations, et il existe plus
d’un bandit en herbe que leur gloire empêche de dormir;
ils reviennent naturellement à leur premier
genre de v ie , les mauvais instincts prévalent, et quelque
jour un navire les emporte de nouveau au bagne,
à moins que la potence n’en fasse justice. Tout
cela est aussi vrai pour l’Angleterre que pour la
France, pour le libéré de la Nouvelle-Galles du Sud
et de Yan-Diemen, que pour le forçat de nos bagnes.
A Point-Puër, les enfants sont soumis à la même
législation que les hommes; chaque matin les constables
amènent par-devant le commandant les gamins
qui ont péché la veille. J’ai assisté à plusieurs
de ces jugements, et c’est réellement chose curieuse.
L’un avait occis le chat d’un surveillant, l’autre
avait grimacé ou fait la nique au ministre; cela se
terminait ordinairement par une bonne fessée. Souvent
c’étaient des cas plus graves, la peine était en
proportion du délit : c’était le cachot solitaire au pain
et à l’eau ; ou un plus grand nombre de coups de
fouet.
Un do ces marmots, haut de trois pieds à p e in e ,
avait menacé de son couteau le chef d’atelier. Je
n’ai jamais vu de physionomie exprimant plus le vice
brutal, l’impudence effrontée. Ce n’était pas son coup
d’essai. Il avait déjà subi plusieurs condamnations.
Tout dernièrement il avait trouvé moyen de s’évader
en compagnie de quelques petits drêles de son âge.
Les compagnons de mon garnement, pressés par le
besoin, étaient revenus pour avoir du pain; lui seul
tint bon, et ce ne fut qu’au bout d’un assez long séjour
dans les bois qu’on parvint à le reprendre.
Si cet enfant tient ce qu’il promet, ce sera un jour
un monstre à étouffer. Après l’avoir condamné pour
son dernier méfait, M. Boolh crut devoir lui faire une
semonce toute paternelle, et termina en lui promettant
la potence pour peu qu’il persistât dans cette
déplorable voie. «Eh bien! lui répondit le drêle, mon
père et ma mère m’auront nioniré le chemin, et avant
d’être pendu, je tuerai ce constable. »
Un ministre est chargé de l’éducation morale de
ces enfants ; le brave homme a affaire à forte partie,
et dans l’amertume de son coeur, il m’a avoué qu il
craignait fort de prêcher dans le désert. Outre le fouet
et le cachot solitaire, on a adopté un autre genre
de répression qui me paraît des plus efficaces, mais
par trop rigoureux pour des enfants. Sur une longue
chaîne scellée en terre par de forts blocs de maçon-
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