is'íO. la classe ouvrière serait complet; de là résulle-
F o v n o r . • , . , , , • raient des desordres graves et des vices sans nombre,
qui expliqueraient ce grand nombre de tavernes
et de cabarets qui étonnèrent nos regards le premier
jour où nous mîmes pied à terre.
« Quoique la sévéritédes lois, dit-il, produisedes apparences
extérieures d’ordre et de bonneconduite forcée,
cependant un effrayant degré d’immoralité, sans
parallèle peut-être dans aucun temps et dans aucun
pays, existe parmi nous, immoralité qui, je regrette
de le dire, n’existe pas seulement parmi les condamnés.
« C’est un fait remarquable, qu’une grande portion
de ceux à qui l’on confie des domestiques convicts
ont des moeurs dissolues et des principes dépravés,
qui bâtent plutêt qu’ils iTempcehent la ruine forcée
de ceux qui les entourent.
« Non-seulement rimmoralité est plus commune
ici que dans la mère-patrie, comme du reste on
pouvait s’y attendre, mais encore tout individu est
animé par l’envie, la haine et les sentiments les moins
honorables contre son prochain.
« Le mépris senti et exprimé par la population
libre à la population esclave, excite chez celle-ci des
sentiments de haine; de là surgissent des préjugés
de caste qui entretiennent dans les deux classes de
la communauté des hostilités mutuelles et constantes;
d’un autre cêté, les habitants libres, entichés de
l’idée de leur importance personnelle, oublient leurs
devoirs relatifs et réclament plus ou moins des distinctions
de supériorité ut de considération, »
L’administration des femmes convicts n’est pas ^
moins critiquée que celle des hommes; du reste, il
paraît que les exemples de réforme morale obtenus
par le système d’administration actuelle, sont bien
plus rares encore parmi les femmes que parmi les
hommes.
Les peines infligées aux convicts sont graduées
ainsi qu’il suit, suivant la gravité des délits : 1“ La
réprimande ; 2° la condamnation à tourner la roue
d’un moulin pendant un temps limité; 3“ travaux
forcés le jour et emprisonnement solitaire la nuit;
4" travaux forcés sur les grands chemins ; 5” travaux
forcés dans les escouades enchaînées ; 6\envoi à l’é -
lablissement pénal de Port-Arthur.
Cette dernière punition est une des plus redoutées ;
le travail est constant, on le fait en silence ; les condamnés
sont privés de toute communication avec
l’extérieur; les punitions corporelles sont fréquentes ;
en un mot, ils sont retranchés en quelque sorte du
monde et soumis à une discipline très-sévère.
Port-Arthur paraît être un lieu bien choisi pour un
établissement de ce genre. Placé sur une presqu’î l e ,
attenant à la terre ferme par un isthme étroit, la
garde devient facile et l’évasion des prisonniers presque
impossible. On a établi, sur l’endroit le plus étroit
de r isthme, une ligne de poteaux très-rapprochés les
uns des autres, auxquels sont attachés de très-gros
chiens de garde dont les chaînes peuvent se croiser,
Ces animaux sont très-bien habitués à reconnaître
l’habit des condamnés : et malheur à celui d’entre
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