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campagne que pour acquérir des droits certains à sa retraite ; son
adresse dans sa profession , son zèle , soi) admirable conduite et
son dévouement avaient déjà engagé M. le commandant d’i7/-ci7/e
à appuyer une demande que j’avais faite pour lu i faire accorder
la c io ix d’h on neur , récompense dont il était digne sous tous les
¡■apports, et que, sans n u l d oute, il eû t obten ue . Les émoluments
atlacliés à cette faveur lu i laissaint entrevoir un avenir h eu r eu x ,
lorsque la maladie vint le frapper. 11 était considéré et estimé
par toutes les personnes qu i l’avaient con n u à bord.
Le second décès était ce lui de Bu a d o in , jeun e matelot que
nous avions pris sur la corvette VAriane, loi’s de noti’c passage
à Falparaiso. L’un des derniers atteints par la d y ssen te r ie , il
avait été la victime en cela des soins constants q u ’il donna à ses
camai'ades ; nous n’avions, à notre départ, aucune in q u ié tu d e
sur son compte, et même nous avions h ésité p our le laisser à
terre ; une imprudence le fit i-echuter à l’instant où sa guérison
paraissait avancée, et il succomba p eu de joui-s après.
Dès le lendemain , n ous embarquâmes nos six convalescents ;
mais nous fûmes obligés de nous séparer de deux autres de nos
compagnons, chez lesquels la même maladie , qui ne s’était présentée
que tiè s-tard et q u i n’était n ullement alarmante dans
le p r in c ip e , avait fa it, d urant l’excursion d a n s les g la ce s, des
progrès t e ls , q u ’ils se trou vaient dans un état de faiblesse e x -
t)ême. L’un d’eux élait le nommé A rg e l ie r , second maître de
manoeuvre, homme courageux et infatigable à lam e r , q u o iq u ’un
peu usé par de longs services; l’autre s’appelait D an ie l, matelot
plein de force et de v igu eu r, q u i lon g tem p s n ’avait fait aucun cas
de son in d isp o s itio n , et n’était même entré au poste des malades
que dans les premiers jours de janvier. Ces deux marins
n ’eussent pu , d’après le rapport des m éd e c in s , continuer la
campagne sans courir les'plus grands risques p ou r leur existence,
et nous nous décidâmes, malgré les difficultés de cette opération,
à les la isse r , en prenant toutetois les précautions n é c e ssa ir e s,
auprès des autorités, pour les rapatrier dans le cas où ils p a rv icn -
di'aienl à recouvrer leur santé.
Dans l’espace de quatre mois , la mort nous avait enlevé seize
personnes , et en comprenant les d eux derniers sur lesquels nous
conservions peu d ’espoir, c’était d ix -h u it pertes dont nos rangs
se trouvaient' éclaircis ; proportion énorme, lorsque l’on vient à
considé re i( la faiblesse de notre équipage, et q u i ressort encore
davantage, en pensant q ue nous comptions déjà, antéi’ieui'ement,
trois décès et six déserteurs. N ou s dûmes donc n ou s o c cu p e ra
réparer nos vid es, et n ou s y parvînmes tant bien que mal, soit en
embarquant que lq ue s matelots français q u i avaient q uitté nos
bâtiments b a le in ie r s, et q u i n ous furent remis par la police, soit
en acceptant les services de q uelques marins anglais dont il était
fort difficile d’apprécier la moralité ; nous nous m îm e s , par ce
m o y en , en état de p ouvoir continue r nos ti’avaux et de p o u r suivr
e notre voyage.
D ès q u ’on avait appris à H ob a r t-T ow n 1a réussite que nous
avions obtenue dans notre dernière pointe au su d , la découverte
que avions faite d’une grande terre, et nos expériences pou r d é -
termineiTa position du pôle magnétique, la curiosité s’était éveillé
e , et les questions avaient commencé à n ou s accabler; il nous
fu t néanmoins fa c ile , au milieu des félicitations q u i nous étaient
ad r e ssé e s, de démêler q u ’il y entrait beaucoup de jalousie n a tio nale
, et que nos succès causaient d u désappointement; alors sur to
u t que l’Angleterre venait de se mettre sur les ran g s, en c o n fiant
au capitaine Ross la mission d’explorer les contrées au strales
et de se livrer aux observations magnétiques. Personne ne
pou v a it douter que les corvettes françaises n’eussent devancé le
capitaine anglais sur le te iT a in , et c’en était assez p ou r ch a tou iller
d’une manière désagréable l’amour-propre britannique. Nous
pûmes même , dans le principe, apercevoir quelques dispositions
à l’in crédulité ; u n jou rn a l de la c o lo n ie , \Ad v e r tis e r , ne craign
it pas d’afficher la p lu s profonde ignorance en g éo g rap h ie , en
imprimant qu’il pensait que notre prétendue découverte n était
autre chose que la terre AEnderbey, trouvée par Biscoe sur le navire
le Tula; il ne se trompait en cela que de 80 degrés en lon g
itude; toutefois , ces signes ne purent tenir contre l’évidence, et
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