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racher lacoi’vette d u récif. A deux heures du matin, XAstrolabe esî
enfin à flot; à quatre heures , elle était affourchée su r deux câb
le s, au m ilieu d u c h e n a l, par quatre brasses d’eau.
A six heures d u m a tin , après deux heures de repos, on a repris
les travaux. Le gouvernail a été démonté pour être v is ité , il a été
trouvé en bon état et remis en place dans la matinée. On a relevé
l ’ancre de bossoir de g45 k i l . , et l’ancre moyenne de 5oo k il. ,
q u i avaient été mouillées le soir de Téchouage. Ces ancres ont
chacune u ne patte cassée.
Le passage d u détroit de Torrès , par la route d u capitaine
B lig h , n ou s a paru moins dangereux q u ’on ne pourrait le supposer
d ’a b o rd , en voyant sur une carte cette m u ltitu de de bancs
et de récifs dont le détroit est obstrué. L’essentiel est de bien a tté -
rir sur la pointe N. des récifs de Portlock , pou r pouvoir ensuite
attaquer le deuxième r é c if, dont la pointe N . est formée par un
banc de sable nommé Anchor-Key. A partir de l à , la route est si
bien jalonnée par les îles et les sondes , q u ’elle n’est p lu s q u ’une
affaire de temps et de patience. Il faut m ouille r s o u v e n t, et ne
pas manquer d’ancres n i de chaînes. Nos ancres françaises sont
grêles , trop é tir é e s , et cassent fréquemment sur des fonds sû rs.
Les ancres anglaises n ous semblent mieux construites. A poids
é g a l, elles sont p lus c o u r te s , plus renflées que les nôtres ; les
chaînes n ’étant pas élastiques comme les c â b le s , demandent à
être filées en longues touées , dans les ancrages à fonds durs , et
o ù la mer est agitée par les coui’ants , sans cela , la tension de la
chaîne se transmet trop brusquement à Tancre.
(A / . Roquemaurel.)
Note 28, page 240.
L’île sur le r é c if de laquelle nous sommes échou és, est un pâté
de coraux couvert d’arbres et entouré d’u ne belle plage. Si nous
avions été obligés d’abandonner nos navires, n ou s n ’y aurions
trouvé aucune ressource. Ce malheureux îlot ne produ it rien ,
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e t, pour comble de malheur, il n’y existe d ’autre eau douce que
celle que les naturels recueillent à grand’peine dans des valves de
bénitier.
Les S au v a g e s, en se r év e illan t, durent être bien étonnés de
voir deux énormes carcasses au sec, le ventre en Tair, à quelques
cents pas de leurs cases. Au jour, nous les vîmes arriver à pied sec
sur le r é c if, avec des rameaux verts à la main. Us conversaient
vivement entre eux en se monti’ant les carènes de nos corvettes,
sans toutefois oser en approcher. Enfin , enhardis par nos gestes
b ien v e illan ts, ils finirent par arriver à quelques pas de Tarrière ;
là, Tun d’eu x , un ch e f p robablem ent, nous adressa , d’une voix
claire et r e ten tissante , u n long discours , nous indiquan t par les
gestes les p lu s significatifs, que nous étions fort mal là , et qu’il
fallait nous en tirer au p lus vite. Le digne sauvage avait dix fois
raison ; mais il ne nous apprenait rien de nouv eau. Nous le h is sâmes
à bord , et là, son étonnement redoubla. Dans le fait, il y
avait de qu o i s’étonner ; la corvette était alors couchée sur b âb o rd ,
el Tiuclinaison était de 3 i degrés. Bientôt nous vîmes arriver toute
la peuplade ; elle nous apportait de Técaitle de tortue ; tous les
hommes étaient complètement n u s. Parmi eux était une seule
femme ; elle n ’avait pas v o u lu monter à bord et était restée sur le
r é c if : c’était évidemment une merveilleuse de Tendroit, e t , sans
doute pour faire notre conquête, elle s ’ctait parée denses plus beaux
atours. E lle avait autour du cou une sorte de hausse-col en nacre ;
ses poignets étaient serrés par des bracelets d ’écaille; le lobe de
ses o r e ille s , le cartilage de son nez étaient percés de larges trous
dans lesquels elle avait fourré des paquets de petites coquilles ;
ses ch eveux, laineux et couverts d’une poudre rouge , étaient cou pés
fort courts , sa u f u ne bande de deux pouces de hauteur q iu
faisait le tour de la tête, d’une oreille à Tautre, en passant par le
sommet. Où diable la coquetterie v a -t-e lle se n ich e r ! Qui eût
jamais cru que cette pauvre créature eût aussi peur de gâter sa
coiffure q u ’u n e jo lie parisienne son chapeau bien frais. Pendant
qu’elle élait à nous faire des mines le long du bord , et Dieu sait
quelles mines ! un gros grain , q u i menaçait depuis longtemps ,
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