deuxième ancre là où les plus grands fonds semblaient
exister , nous raidîmes nos amarres , pour
tâcher, sans succès, de renflouer la corvette. Enfin,
nous nous halâmes de soulager le gouvernail,
qui déjà menaçait d’être emporté par la mer; puis
nous attendîmes, avec une vive impatience l’instant
de la haute mer. Alors notre chaloupe se rendit
auprès de la Zélée pour lui porter secours; mais,
comme le nôtre, ce navire s’était assis sur les coraux
et ne devait plus espérer sa délivrance qu’au
moment où la mer remontant à son plus haut niveau,
il pourrait se remettre â flot en se hâlant sur ses
ancres.
A sept heures du so ir , nous aperçûmes, flottant
â côté de VAstrolabe, une partie de notre fausse
quille. Cette découverte était de nature à éveiller
notre inquiétude : la perte de la fausse quille, par elle-
même , compromettait peu la sûreté du bâtiment ;
mais désormais Y Astrolabe ne reposait que sur sa
quille, qui, sous les secousses violentes qu’elle éprouvait,
pouvait se rom*pre d’un instant à l’autre. A neuf
heures du soir, malgré la nuit, nous parvînmes à
mouiller une troisième ancre. Cette opération n’était
pas exempte de difficulté : les courants étaient
d’une violence extrême dans le canal, et entraînaient
rapidement les embarcations qui cherchaient
â le traverser. Ne connaissant encore ni l’époque ni
l’amplitude de la marée , nous commençâmes à l’é-
tiidier, et nous reconnûmes bientôt que la corvette
s’élait échouée au moment de la marée haute. HeuI
reusement lamer, en se retirant, nous donna un peu
de repos ; la corvette s’assit sur les coraux, s’inclina
légèrement, et n’éprouva plus de secousses.
La nuit nous amena des rafales très-violentes, accompagnées
de pluies; elle était des plus noires; malgré
le danger de notre situation, il fallut forcément
attendre le jour pour faire de nouveaux efforts et accomplir
de nouveaux travaux. Aux approches de minuit,
la mer devait être pleine, mais l’obscurité était
telle que nous n’apercevions rien de ce qui se passait
autour de nous ; le vent continuait â souffler avec
violence, eiYAstrolabe, soulevée de nouveau par la
lame, éprouvait des secousses affreuses qui présageaient
sa destruction. Un instant j’espérai que, la
mer se retirant de nouveau , Y Astrolabe s’échouerait
complètement, et alors ne subirait plus ces chocs
violents qui devaient ¡nfaillibleroentla démolir. J’étais
loin de m’attendre aux événements de la nuit.
J’avais donné quelques heures de repos à l’équipage
, et j’attendais le jour avec impatience pour reconnaître
quel changement la nuit avait apporté dans
notre position ; quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu’à
cinq heures du ma tin, j’aperçus tout près de
nous la petite île Toud, dont la veille nous étions
encore fort loin? Pendant la nuit, le navire avait été
entraîné par le courant, auquel se joignaient les
efforts du vent, e t , malgré les trois ancres auxquelles
il était enchaîné, il avait été emporté â près
de cinq encablures dans le nord, en beiirtant sur son
passage la barrière des récifs, contre laquelle il avait
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