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nisës. Cette fois, trompe dans ses prévisions, prenant
une indication pour une autre, il s’égara complètement;
il s’en aperçut, revint sur ses pas, lâtonnanl,
cherchant à s’orienter, mais le tout en pure perte;
cependant, le soleil descendait à l’horizon, et bientôt
il lit nuit noire. M. Bootb est un homme de tête et de
coeur, il ne perdit pas courage, il s’étendit bravement
au pied d’un arbre et s’endormit bientôt avec la certitude
de se retrouver dans le droit chemin le lendemain
; mais les mêmes difficultés se représentèrent ;
le malheureux commençait à ressentir les rudes angoisses
de la faim ; toute la journée se passa en recherches,
en tâtonnements infructueux; il éprouva
d’affreux déchirements d’entrailles, et rien pour le
soutenir, pas même quelques baies sauvages. Épuisé,
il se sentit faiblir, et tomba exténué : il put croire que
c ’en élait fait de lui. Cependant, ses amis s’étaient mis
en campagne avec des chiens; ils avaient longtemps
battu le bois sans succès, lorsque l’un deux pensa à
l’animal dont j’ai parlé tout à l’heure; celui-ci prit
la piste sans hésiter, e t , au bout de deux ou trois
heures, arriva droit sur le malheureux, qui ne donnait
plus signe de vie. Pendant longtemps on désespéra
de ses jours ; peu à peu, cependant, il revint à
l’existence, mais sa constitution en a gardé un ébranlement
dont il ne se remettra peut-être jamais.
Le poste d’Eagle-Hawk-Neck est gardé par un officier
et vingt-cinq hommes; ils sont là complètement
isolés, et ne sont relevés que tous les deux mois ; les
soldais, industrieux (ouime ceux de tous les pays,
s’y sont construit des baraques qui ne manquent pas
de confort, et cultivent un jardin qui leur donne
d’assez bons légumes. Du côté du large, la mer brise
avec fureur sur d’énormes roches de basalte, prodigieuses
murailles dont les assises, parfaitement régulières,
feraient croire à quelque travail de géants.
La population libre de Port-Arthur ne se compose
guère que des employés du gouvernement et de deux
compagnies d’infanterie. Le havre offre un excellent
mouillage, on peut mouiller par six a huit brasses,
fond de sable vasard. M. Laplace y a conduit sa frégate
VArthémise. A quelques pas du bagne s’élève
une petite chapelle toute gracieuse; elle est desservie
par un ministre méthodiste. J’ai assiste au service
divin : le révérend M*** a prononcé un sermon
superbe, sans doute; mais auquel j’avoue, à ma
honte, n’avoir pas compris un mot ; en revanche, j’ai
été tout à fait édifié du recueillement et de l’attention
qu’y apportaient les sept à huit cents condamnés qui
étaient là, et n’eût été un bruit de chaînes tout à fait
mondain, j’eusse pu me croire au milieu de la plus
zélée et de la plus nasillarde assemblée de puritains
des trois royaumes-unis.
Il est impossible d’être mieux accueillis que nous
l’avons été à Van-Diemen’sland. Je ne finirais pas
si je voulais dire toutes les attentions, tous les soins
aimables dont nous avons été l’objet. Grâce à e u x ,
bon nombre d’entre nous ont pu revoir la France.
Le iléau que nous avions emporté de Java et des îles
de la Soude avait déjà fait hiendes ravages dans cette