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308 NOTES .
Note 21, page 204.
La situation de l ’ansed e Korora-Reka et la facilité q u ’on a d’y
entrer et d en sortir la feront toujours préférer aux mouillages
de Pahia et de Kawa-Kawa, dans la même baie. Aussi a -t-e lle été
choisie de tout temps par les Européens p ou r y fermer u ii établissement.
Nous y trouvâmes à notre arrivée le commencement
d ’une petite v ille. On y remarquait une centaine de maisons
élégantes , européennes, quelques magasins , u n hô tel et u ne
grande q u an titéd e tavernes. A u centre d e to u tc e la , était le village
ind igèn e entouré d une palissade, q u i a servi de noyau à cette
petite v ille. Dans la plaine derrière , on voyait sui gir beaucoup
d’habitations nouvelles, et, en attendant q u ’elles fussent bâties,
ceux q u i devaient les occuper étaient logés sous des tentes.
Tou tes les terres destinées à servir d’emplacement à cette cité
naissante, les h auteurs voisines, et toute la presqu’île étaient depu
is longtemps accaparées par les spéculateurs , q u i les tenaient
divisées en petits lots , à la disposition des acheteurs. Les parties
voisines de la mer et ies p lu s propres à bâtir des magasins et des
maisons avaient déjà atteint un prix tr è s-é lev é . T o u s ces spéculateu
rs, qu i semblaient s ’être donné rendez-vous dans cette partie
reculée d u monde, comptaient beaucoup su r l ’engouement q u i
existe en Angleterre et à Sidney pou r la colonisation de la N o u vel
le-Zélande, et sur l’arrivée p rochainedes colons q u ’on désignait
déjà sous la dénomination plaisante des victimes, auxqu els ils
comptaient faire la loi. C eu x -c i, en effet, attirés dans ce pays pour
le cu ltiv e r avec u n ’petit capital, se trouveront à leu r arrivée à la
discrétion des possesseurs du sol , ils seront obligés d’en passer
par toutes les conditions q u ’on voudra leur imposer, et ils seront
bien près de leur ruine, ou d u moins ils n’auront.guère changé
leur position en quittant l’Angleterre. L’agiotage sur les terres,
la plaie de toutes les colonies nouvelles , était pou r ainsi dire le
seul commerce de ce p a y s, il avait atteint son maximum. Elles
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avaient déjà passé dans cent mains sans avoir changé de face, car
leurs possesseurs n’avaient jamais eu l’idée de les cultiver, et il
eût valu cent fois m ieux, pour la colonisation de ce pa y s, que le
sol y fût encore dans les mains des indigènes.
Le pavillon b ritannique flottait sur le teri’itoire de la Baie des
lie s depuis le commencement de février. Le capitaine de vaisseau
Hobson , nommé par la reine d ’Angleterre gouverneur de to iit le
territoire appartenant aux sujets anglais sur laN ou v e lle -Z é lan d e ,
avait r éu ni à son arrivée tous les chefs des divers districts de la
B a ie des l ie s . y\près leur avoir exposé que l’intérêt q u ’ils avaint
inspir é à la l’eine l’avait décidée à l’envoyer pou r les protéger,
avait réussi à faire signer à la plu pa r t d ’entre eux u n traité
dans lequel ils abdiquaient leur souveraineté en faveur de l’Angleterre.
Par cet acte, ils s’engageaient à ne p lu s vendre leurs terres
q u ’au gouvernement. Fort ainsi d’une adhésion frauduleuse ment
arrachée à u n e partie des chefs, il avait pris possession de
tou t ce territoire au nom de la couronne d’Angleterre. Beaucoup
de colons anglais établis depuis longtemps dans ce p a y s, avaient
manifesté dès le principe une vive opposition à tou s ces actes, q u i
arrêtaient leurs transactions avec les naturels. Cette u su i’palion
froissait tellement les intérêts des Français établis antérieurement
dans ce pa y s, que c e u x -c i avaient protesté contre elle
avant notre arrivée, et ils éprouvaient pou r cela beaucoup de
tracasseries dans le p a y s , suscitées sourdement par les agents
de M. Hobson.
Nous regrettâmes vivement de ne pas être à même de pouvoir
leur donner des instru ctions sur la manière de se conduire v is-a v
is des autorités anglaises, conformes aux vues de notre gouvernement.
T o u t ce que p u t faire le commandant pendant notre sé jou
r , fut de ne pas reconnaître officiellement le gouverneur H ob son
. Le commodore américain, dont les compatriotes étaient encore
b eaucoup p lu s lésés que les nôtres par cet envahissement d ’un des
p lu s beaux ports d u monde par l’Angleterre, en avait fait autant,
et il avait de p lu s assuré à to u s ie s sujets américains que jamais les
E ta ts-U n is ne le souffrirait. Quoi q u’il en so it, tout porte à penser
¡lîl if i f ■.