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repas, pris sur le pouce. L’équipage, placé sur la lisse extérieure
d u bastingage de tribord, prit aussi q uelque repos. Dans cette
situ ation , u ne longue lign e d’hommes au repos ressemblait assez
à une troupe d’oiseaux de mer perchés sur la crête d’un rocher.
Dans la s o ir é e , en remarquant un mouvement p lu s prononcé
dans le mouvement des eaux à la marée d esc en dante , on conçut
l’espoir que le flot pou rait redresser u n p eu le navire. Cet espoir
fu t de courte d u r é e , car, au commencement de la n u i t , avec le
reversement de la marée, ï Astrolabe, loin de se re lev e r, s’inc lina
de plus en p lu s. La pression d u flot ne la soulevait pas. Vers
n eu f heures, l’oscillomètre in d iq u a it 38 degrés d’in clin a ison , et la
m e r , q u i brisait su r son flanc su bm e rg é , semblait menacer de
l ’envahir. Bientôt M. G e rv a ize , q u i était de q u a r t, reconnut
que l’eau filtrait par les sabords , et q u ’elle s’introduisait par les
conduits des dalots. Il vin t en prévenir le commandant, q ui
donna aussitôt les ordres nécessaires pou r préparer l’évacuation
du navire, devenue urgente.
L’heure fatale avait sonn é. La pauvre Astrolabe a lla it, d’un
instant à l’autre, se renverser et sombi’er ; triste m om en t, q u e
chacun de nous envisageait sous l’impression d’un profond sentiment
de peine et avec le calme de la résignation. Dans les lon gues
navigations, éloignés de tous les objets de leur affection
les marins trompent en q uelque sorte les en n u is de leur iso le ment
en aimant leur navire. Ils l’aiment comme u n être animé.
Au moment où l'Astrolabe semblait perdue sans r e to u r , q u e lques
larmes silencieuses c o u lè r e n t , et certes ce n ’était p o in t en
songeant à leur sort futur que ces braves et intrépides marins
éprouvaient cette émotion ; les dangers et les privations d ’une
vie a v en tu r eu se , la perspective d’u n e fin m isé r a b le , n’avaient
rien de nouveau pou r eu x . C’était un regret qu ’ils d onnaient à la
destruction de ce pauvre n a v ir e , q u i les avait portés si long temps
et si loin.
L’ordre fut donné d’armer les embarcations. Les officiers désignés
pour les commander les disposèrent à l’avant et à l’arrière du
navire, pour recevoir tous les matériaux de l’expédition qu’o n
pourrait sauver. Personne d’a illeur s n e devait emporter de bagage,
pour ne pas encombrer les canots.
Pendant ce tem p s , on rassemblait dans l ’intérieur de la corvette
les documents et les objets q u ’on voula it préserver d u n au frage,
M. D um ou lin , atteint depuis plu sieu rs jour s des premiers
symptômes d’une cruelle maladie q u i faillit le conduire au tombeau
, surmontait ses souffrances pou r sauver ses matériaux
scientifiques. Le commandant d’U rv ille faisait envelopper les
cartes dressées pendant la campagne. M. Dum outie r se désolait
de ne p ouvoir emporter tous ses moules de sauvages ! ... Les armoires
ouvertes avaient rejeté leur contenu ; collections d’h is toire
naturelle, objets d’a r t , armes cu r ieu s e s , ornements, livres
et vêtements, étaient épars et roulaient en suivant la pente du
p lan ch e r .T ou s ces objets avaient perdu leur valeur primitive devant
les lois de la nécessité. U n e h a che , un briquet, quelques h a meçons,
étaient bien plus précieux à conserver dans un moment
aussi critique.
Cependant, lorsque toute chance de salut pour le navire semblait
p e r d u e , lorsque tou t espoir paraissait in s e n s é , un mouvement
su b it de la corvette mit tous les esprits en suspen s. Elle
allait sombrer ou se relever La chance fu t pou r n ou s. La
mer, q u i naguèi’e frappait contre les_parois des b a stin g a g e s, ne
fit bientôt p lu s entendre q u ’un léger clapottement a u -d e sso u s
des sabords. E lle souleva la coque d u navire et la redressa à vue
d’oe il, et bientôt à l ’appréhension succéda le sentiment de la confiance.
\JAstrolabe ne devait point périr dans cette dernière lutte
contre les récifs, et ce fut avec des cris d’enthousiasme que l’éq u ipage
reprit à bord le cours de ses travaux.
A onze heures , la corvette était déjà presque droite. On vira
sur-le-champ au cabestan, pou r roidir les câbles des ancres, et si
Je travail de toute cette n u it ne réu ssit à nous dégager complètement,
du moins il devait empêcher le retour de l ’effrayante
inclinaison q u e nous venions d’éprouver. En réfléchissant su r
les circonstances q u i avaient accompagné notre éch ou age , il devenait
évident que la nature friable des coraux avait seule