par une excellenle conduite, ont obtenu la liberté de
travailler pour leur compte {ticket o f leave) ; ils sont
parfaitement libres, sauf qu’ils demeurent sous la surveillance
spéciale de la police, et qu’ils sont obligés
de répondre, tous les dimanches matin, à l’appel du
magistrat. Aucun individu ne peut être gracié ni recevoir
un ticket of leave , qu’aux termes suivants :
Si la durée de sa peine est fixée à cinq a n s, il doit
avoir servi pendant quatre ans ; si sa peine est de sept
ans, cinq ans; pour quatorze ans, six ans; et enfin,
pour la vie, huit ans.
Aucun individu, dans ce cas, ne peut être propriétaire
; en matière commerciale ou civile, il ne peut
ni poursuivre ni être poursuivi en justice; mais lors
de la promulgation de cette ordonnance, qui est toute
récente, beaucoup d’entre eux possédaient; elle n’est
donc applicable qu’à ceux qui ont reçu leur ticket of
leave postérieurement. Un grand nombre d’entre eux
sont employés comme constables et surveillants.
Les convicts, au bagne, sont assujettis aux travaux
les plus pénibles ; ils sont particulièrement employés à
la confection des routes, et, grâce à ce système, la
colonie est sillonnée de belles voies de communication
aussi belles que celles d’Angleterre. Sur le lieu
même de leurs travaux, on élève des barraques où ils
prennent leurs repas, toujours sous l’inspection des
constables. Le soir, ils sont enfermés par escouades de
dix à douze, et des lignes de sentinelles assez rapprochées
empêchent toute évasion.
A Hobart-Town, ils sont logés dans un vaste éd ilice
; solide construction en pierre, aux sombres murailles
sur lesquelles on pourrait écrire la désolante
inscription du Dante : Lasciateogni speranza. La nuit,
ils sont enfermés dans des dortoirs disposés pour contenir
quarante hommes. Ce sont de grandes salles
tenues avec une propreté remarquable. Au milieu,
est une longue table rectangulaire, et sur les murailles,
recrépies à la chaux, sont construites des
couchettes superposées les unes sur les autres, comme
dans un paquebot; elles sont séparées entre elles par
deux petites cloisons de deux pieds d’élévation. Ils sont
ainsi parqués sans distinction; celui qui n’est condamné
qu’au minimum de la peine, c’est-à-dire à
cinq ans, a souvent pour voisin un coquin endurci
qui est là pour la vie. Il n’y a de différence que pour
ceux qui se sont mal comportés pendant le voyage; ils
sont immédiatement envoyés aux travaux des routes
{road stations) ou mis à la chaîne {chain-gang). Ces
chain-gangs sont des escouades de dix ou douze
hommes enchaînés tous ensemble par le cou; on
leur fait porter des fardeaux ou on les fait travailler
aux ouvrages immondes ; à l’enlèvement des ordures
de la ville , par exemple; cette terrible punition n’est
jamais que temporaire et de peu de durée.
La ration journalière est suffisante; les convicts
travaillant sur les routes sont vêtus de gris, au chain-
Gang, gris et jaune, et à Port-Arthur, établissement
pénal, en jaune.
Le condamné a les deux pieds pris par une chaîne
de trois pieds environ ; pour qu’elle ne l’empêche pas