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comme nous des détails positifs sur cette triste affa ir e, on ne
peu t se défendre d’u n sentiment pénible en voyant de quels procédés
le gouvernement anglais a fait usage. 11 est bien avéré que
les chefs signataires de la convention n’ont adhéré q u ’après un
grand repas à la suite du q u e l le p lu s grand nombre était dans
l’ivresse ; on nous a même affirmé q u e la ti’aduction en Manonri
était toute différente de l’acte lu i-m êm e . Aussi presque tous les
chefs ne v eu len t-ils p lu s reconnaître leurs signatui’es.
U n de ces chefs opposants posa à M. Hobson, pendant la c o n férence,
une question fort simple q u i parut embarrasser beaucoup
Son Excellence. Croyez-vous, lu i d it - il, que si moi, q u i suis un
grand chef, j’allais en Angleterre proposer ma protection au parlement
et demander la place de la reine, mes offres et ma demande
seraient acceptées? N on , certainement, lu i répondit M. Hobson en
se mordant les lèvres de dépit. E h bien ! pourquoi êtes-vous venu
chez n o u s? q u i a appelé votre protection ? C ro y e z -m o i, retournez
chez v ou s, nous sommes contents de notre état et nous n ’avons
que faire de vous.
De tous les anciens acquéreurs de terres, celui q u i porte le plus
d’ombrage au gouverneur est le baron T h ie r ry , que les chefs d u
nord sont accoutumés à regarder comme un des leurs et q u i, s’il
était sou tenu par notre Gouvernement, serait un grand empêchement
à l’grandissement des Anglais. Aussi, depuis l’arrivécdu g ou verneur,
tout a-t-il été mis en jeu pour le déposséder et le forcer
à renoncer à ses prétentions. Il n’y a pas d’injures ou de mauvais
traitements q u i lu i aient été épargnés, il n’y a pas de séductions
q u i n’aient été tentées près des chels pour les engager à réclamer
leurs terres comme ayant été payées au-dessous de leur valeur.
Qu elqu es-u ns déjà se sont laissé endoctriner, et il est à craindre
que la plus grande partie ne les imite si ce pauvre homme n ’est secouru
à temps. Notre arrivée releva ses espérances et celles de nos
autres compatriotes exposés à perdre leurs propriétés paiT’arrêté
du gouvernement anglais. M .T h ier ry ne se trouvantpas àKoroi'a-
Reka, on lu i envoya immédiatement un exprès pour le prévenir
de notre arrivée. A cette n o u v e lle , il quitta immédiatement sa r é -
sid en c ed c Hokianga et arriva heui-eusement avant notre départ.
11 exposa tous ses griefs et ses droits àM . d’Urville, q u i lui promit
de les soumettre au ministre en les appuyant de toute sa force.
Le 4 mai au matin, nous mîmes à la voile et sortîmes d u port
avec u n e petite brise du sud ; à peine étions-nous en dehors des
pointes , que nous vîmes appareiller le Buffalo, q u i sortit peu
après n ou s, q u o ique nous sussions bien positivement qu’il devait
rester encore p lu sie iu ’s mois dans la rivière Kawa-Kawa. II était
évident que c’était la continuation de la ridicule forfanterie de
M. H o b so n , et nos plaisanteries sur cet épouvantail d’u n n o u veau
genre recommencèrent de p lu s belle. Comme nous attendions
tranquillement u n e de nos embarcations encore à terre, le
Buffalo passa à côté de n ou s, et u n e fois au large, il eut l’air de
nous attendre. Quand notre canot fu t de r e tou r , nous reprîmes
paisiblement notre route , et quand n ous eûmes dépassé le BuJ-
yhéo, à la ch u te d u jou r , c e lu i-c i serra le vent et commença à
louvoyer pour rentrer dans le port. Qu’a prétendu faire M. H ob son
avec son pauvi’e Buffalol Avait-il l’intention de faire épier
nos mouvements ? Mais tout le monde savait que nous allions au
détroit)de Torrès, et c’était là une démarche mal conçue et mai-
adi’oitement ex é cu té e ; car à coup sûr les rieurs n ’ont pas été
de son côté. Comment a -t- il p u penser nous intimider par la
présence d’une pareille ourque armée de six misérables canons?
E t p u is d’ailleurs n’é tion s-n ou s pas en paix? et quand bien
même la France et l’Angleterre eussent été en guerre, n ’avons-
nous pas des passeports q u i nous mettent à l’abri et en dehors
de toutes lesoehances de la guerre? V ra im en t, si les autorités de
laN ou v e lle -Z é lan d e ne déploient pas p lu s de sagacité dans leur
administration que dans cette circonstance, on doit plaindre les
colons confiés à leurs so in s. {M . Montravel,')