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18-iO.
Mars.
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baleinier noiiniié le Speciilaçao, et commandé par un
capitaine anglais nommé Robinson. Le capitaine élait
absent, et nous ne trouvâmes d’abord personne qui
pût nous répondre soit en français, soit en anglais.
Nous allions nous éloigner, lorsque M. Robinson arriva,
et nous fit avec cordialité les honneurs du bâtiment
qu’il commandait. Ce capitaine nous apprit que
son navire avait été armé à Lisbonne ; il n’était arrivé
dans le port que depuis cinq jours seulement, et la
durée de son séjour devait être subordonnée à la
pèche qu’il ferait dans ces parages. Il y avait quinze
mois qu’il avait quitté l’Europe, et il n’avait encore
rempli que trois cents barils d’huile de baleine. Le
mouillage où il était présentait toute espèce de sécurité;
toutefois, comme la baie dans cet endroit se
trouve très-resserrée, il avait été obligé d’aifourcher,
dans la crainte d’ôlre jeté sur la côte par les rafales
violentes qui descendent des collines environnantes.
Chaque jour, les embarcations du navire gagnaient
la haute m e r , afin de donner la chasse aux baleines
que’ l’on pourrait apercevoir ; les équipages de ces
embarcations devaient en outre parcourir la côte
pour lâcher de saisir les phoques qui viennent encore
de temps en temps s’y endormir. Le capitaine
Robinson nous annonça en outre, ce que nous
savions d é jà , que le navire américain le Porpoise
avait quitté la rade la veille du jour où nous y
étions entrés. Mais il nous apprit aussi que l’officier
commandant ce navire avait laissé une hou-
leille contenan( une lettre , enterrée au pied du petit
pavillon rouge qui fiottait près de nos corvettes.
Nous restâmes peu de temps à bord du Specula-
çao ; nous nous rendîmes ensuite à terre pour y faiie
une longue promenade. Comme je l’ai déjà dit, au
fond du port se trouve l’embouchure d’im ruisseau
considérable, qui se divise en deux branches avant
de mêler ses eaux à celles de la mer ; les tei-rains
environnants sont très-marécageux, et à peu ])îès
inabordables ; mais à peu de distance de ce ruisseau ,
on trouve la forêt, composée d’arbres tortueux et sui-
fisamment espacés pour pouvoir y circuler lilire-
menl; le feuillage de ces arbres, leur tronc couvert
d’un lichen épais, indiquent un état maladif; il semble
que les îles Auckland sont placées à la limite
de toute végétation possible. Les oiseaux, quoique peu
nombreux, étaient faciles a approcher; habitués à vivre
tranquillement dans ces solitudes, l instinct de
leur conservation ne leur avait point appris à se méfier
de Thomme; aussi ils s’approchaient tellement
de nous, que nous pûmes en abattre plusieurs avec les
baguettes de nos fusils; du reste , nous n’y rencontrâmes
aucune variété particulière à la localité. C é -
taient des philédons, des merles à cravate, qui se
trouvent en assez grande abondance à la Nouvelle-Zélande
, et enfin, de petites perruches assez jolies qui
venaient mêler leurs cris aigres et perçants au chant
plus doux des philédons ; nous remarquâmes plusieurs
terriers creusés, à ce qu’on nous d it , par de
gros rats, les seuls quadrupèdes qui existent dans
ces îles. La quantité d e l i c h e n s dont les arbres étaient