1840. troubles qui avaient éclaté dans leur pays, et qui
avaient pour but de raffranchir du joug de la Grande-
Bretagne. Ces hommes, que des sentiments honorables
ont pu seuls entraîner dans celte voie, vont expier
leur bmte au milieu des criminels frappés par la loi
pour les crimes les plus honteux. Sous ce point de
v u e , le vice de la législation anglaise se fait vivement
sentir, et l’on conçoit qu’avec de pareils abus de
pouvoir, le système des colonies pénales ait rencontré
parmi nous de nombreux adversaires.
Quoique la proposition de M. Maconochie n’ait pas
été prise en considération, elle n’a pas été non plus
tout à fait rejetée. Déjà le gouvernement a apporté
dans le système pénal de nombreuses améliorations.
Cet officier a été nommé gouverneur des îles New-
Norfolk, où il a été chargé de la direction d’un établissement
pénal destiné aux individus les plus endurcis
dans le c rim e , et aux plus coupables parmi
les condamnés. C’est là qu’on pourra juger de l’efficacité
du système proposé. Il est à présumer que bientôt
la législation de ces colonies sera modifiée, que
l’on trouvera de grandes améliorations à y apporter.
Quoi qu’il puisse arriver, la population actuelle,
composée d’éléments si divers, restera toujours divisée
; les colons libres pardonneront difficilement
aux émancipistes leurs antécédents ou leur origine,
et alors on doit s’attendre qu’un jour arrivera où
l’Australie aura aussi ses révolutions peut-être sanglantes
, dont le résultat sera de l’affranchir du joug
de la métropole, à moins que le parti le plus nombreux
aujourd’hui, celui des émancipistes, ne soit to - i84o.
talement comprimé.
Telles sont les conséquences du système employé
par l’Angleterre pour coloniser l’Australie ; il est
certain que tant que T émigration des colons libres
sera permise dans les colonies pénales, il existera
toujours une division bien tranchée dans la population.
Plusieurs fois déjà il a été proposé de former
des établissements où les condamnés seuls seraient
autorisés à se fixer. Il serait possible d’espérer, en
effet, avec un pareil système, des améliorations plus
grandes pour la moralité des condamnés. Toutefois
l’expérience seule pourra permettre de porter à cet
égard un jugement qui ne soit pas hasardé ; mais il
faut reconnaître, en outre, qu’un établissement de ce
genre manquerait absolument des moyens de grandir
et de prospérer, à moins de grands sacrifices de
la part de la puissance fondatrice. Ce n’est pas tout de
trouver des Îtras pour exploiter le s o l, il faut encore
des capitaux pour alimenter le travail et faire naître
le commerce et l’industrie.
Gomme complément à ces considérations, nous
donnerons un extrait du journal de M. Demas. Un séjour
de deux mois dans la colonie anglaise lui a permis
d’en étudier, plus que nous, les rouages administratifs,
et les lignes qui suivent résument les observations
qu’il a faites à cet égard*.
" Notes 1, 2 et 3,