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vèrentqiie mes prévisions étaient fondées. Toutefois
la mer était très-dure dans cet endroit; la lame courte,
brisait en déferlant avec violence contre nos navires;
tout à coup, le cri à’im homme à la mer se fit entendre
à bord de VAstrolabe et vint nous remplir d’émotion;
le nommé Grouhan, occupé avec plusieurs autres
matelots à remettre l’ancre de tribord à sa place, venait
d’être enlevé par une lame et précipité hors du
bord; heureusement il put saisir dans sa chute la
traversière de l’ancre, et revenir à bord à l’aide de
celte chaîne. Déjà le navire avait commencé son
mouvement pour prendre la panne, mais avec la
forte mer qui nous entourait, il eût été de toute
impossibilité de mettre les embarcations dehors et de
lui porter secours. J’ai la conviction qu’il ne dut son
salut qu’au hasard providentiel qui lui permit de saisir
la traversière au bout de sa chute.
Je profitai de notre présence dans ces mers pour
chercher la roche portée sur quelques cartes,
mais inutilement. Jusqu’au 22, nous n’aperçûmes aucune
terre; le sommet des îles Snares se montra au-
dessus de l’horizon dans la soirée de ce jour ; en
même temps nous aperçûmes un navire baleinier
qui courait dans le su d , mais qui passa trop loin de
nous pour communiquer.
Pendant la nuit, malgré des vents contraires, nous
parvînmes à nous rapprocher beaucoup des îles Snares
; à dix heures du matin nous en étions à très-petite
distance. Elles forment deux groupes distincts,
séparés parmi canal de quelques milles, au milieu duquel
il nous sembla distinguer un brisant. Le groupe
du nord, le plus considérable, est aussi le plus élevé.
Les alentours de ces îles paraissent très-sains ; la végétation
ne s’y trahit que par quelques teintes vertes.
Nous aperçûmes dans les environs beaucoup d’oiseaux
de mer, et surtout une grande quantité de grèbes,
d’une très-petite dimension.
Nous étions encore tout près des îles Snares que
déjà la vigie signalait dans le nord les hautes terres
de l’île Stewart. Le temps élait magnifique; malheureusement
, la brise faible nous laissait presque
sans mouvement. Autour de nous, des pingouins, des
albatros et des oiseaux de mer de différentes espèces
prenaient leurs ébats ; la surface de la mer élait
couverte de mollusques; nous n’aperçûmes cependant
pas une seule baleine autour de nous.
Depuis quatre jours, nous étions en vue de l’île
Stewart, sans pouvoir nous en approcher. La Journée
du 26 nous amena du vent, mais aussi de la pluie ; malgré
ce temps peu favorable, je commençai immédiatement
à longer la côte, afin de donner à M. Dumoulin
la possibilité d’en saisir les détails. Une heure après
le lever du soleil, la pluie cessa heureusement, et nous
pûmes profiter d’une journée magnifique pour faire
cette rccomiaissaiice. Nous dépassâmes rapidement
les hautes terres qui forment le cap Sud, et nous arrivâmes
devant les passes du port du Sud. Nous aperçûmes
alors une embarcation qui se détachait de la côte
en se dirigeant vers nous ; j’étais trop avare de ce beau
temps pour Taltendre •- toutefois, les hommes qui mon-
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