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1840.
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naturels une coiirle allocution dans leur langue, qui
parut vivement les impressionner. Ils appartenaient
tous au village de Korora - Reka ; ils assistaient
au service divin avec cet air d’indifférence qu’ils
paraissent ne jamais quitter, et qu’au besoin l’on
pourrait prendre pour du recueillement. Le néophyte
le plus fervent de nos missionnaires était le
chef de la tribu de Korora-Reka nommé îlewa.
Il paraît que cet bomme, après avoir résisté longtemps
aux prédications des méthodistes, n’avait embrassé
le catholicisme qu’après de mûres réflexions.
Depuis cette époque, il a toujours rempli les devoirs
de sa nouvelle religion avec beaucoup d’exactitude,
et il s’est tellement attaché à l’évêque français, qii’i!
ne le quitte jamais et l’accompagne dans tous scs
voyages.
Nulle part, peut-être, nos missionnaires n’ont produit
plus de bien que sur les rivages de la Nouvelle-
Zélande , oû malheureusement ils se trouvent en trop
petit nombre. En parcourant TOcéanie, nous avions
souvent été frappés des effets fâcheux produits par la
rivalité des missions catholiques avec les missions protestantes;
nous avions redouté fréquemment de voiries
guerres religieuses surgir dans les archipels océaniens.
A la Nouvelle-Zélande, le caractère insouciant des indigènes,
le contact des Européens de toutes les nations,
de toutes les religions, qui chaque jour viennent
grossir la population de ces îles, semblent devoir
aussi préserver les indigènes contre Texaltation
religieuse et les guerres désastreuses qui pourraient en
être la suite. En voyant des Européens de tous les
cultes vivre ensemble paisibles et unis, les naturels
acquièrent des idées de tolérance qui délivrent
la rivalité religieuse de trop grands dangers. La
mission de nos prêtres est une mission toute de paix
et d’humanité, et Thomme méritant qui se trouve à
leur tête a su comprendre tout ce que son ministère,
si honorable en pareille circonstance, pouvait faire
de bien à ces malheureux Sauvages. L’ennemi le plus
cruel des missionnaires est la tendance des Nou-
veaux-Zélandais pour la débauche el l’ivrognerie. Le
premier soin de nos missionnaires chez les Nouveaux-
Zélandais a été de secourir leur misère et de couvrir
leur nudité; leurs succès ont été rapides, mais
il est douteux qu’ils soient de longue durée. Tant que
les Sauvages auront besoin de la charité de nos prêtres,
ils pourront s’adresser à eux et s’astreindre
sans difficulté aux cérémonies religieuses exigées
de leur piété ; mais il est douteux que leur conviction
soit profonde et qu’ils renoncent de sitêt à leurs
moeurs si différentes de celles qu’on voudrait leur
inculquer. Du reste, tout en cherchant à combattre
les mauvaises tendances morales de cette population,
nos missionnaires n’ont point négligé les devoirs
que leur impose T humanité : grâce aux soins de
Tévêque, il existe à Korora-Reka un hêpital élevé
aux frais de la mission, oû tous les indigènes malades
reçoivent également des soins sous la direction
d’un médecin.
Les missionnaires anglais établis à la Nouvelle