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cannibales, ils renonceront peu t-ê tr e à leurs guerres meurtrières,,
ils n’auront p lus leurs moeurs féroces d’autrefois; mais, chrétiens
ou n on , ils n’en resteront pas moins des brutes apprivoisées. La
génération actuelle paraît tout à fait incapable d ’apprécier cé qu’il
y a de bon dans notre état de c ivilisation. Les Zélandais aiment
notre évêque, parCe'qu’il est pour eux b on, h um a in , généreux ;
ils croient peut-être a la bonté de D ieu q u i leur envoya ce saint
apotre; mais ils ne voient dans la religion que Tévêque et les
dons q u ’ils en reçoivent; leur instinc t ne va pas au-deià.
Le transport anglais le Buffalo est sorti, pendant la n u it, de la
rivière K aw a -K aw a , et est v en u m ou ille r près de n ou s, à petite
portée de canon. Le capitaine Hobson a v o u lu sans doute être en
mesure de rendre u n salut dans le cas où il en serait fait; mais
d ’après la déclaration d’h ie r , la précaution est assez in u tile . Cet
officier n ’ayant p u trouver à Korora-Reka un seu l coin de terre
p ou r s’y établir avec sa fem m e, est allé s’installer provisoirement
a P a h ia , dans la partie O. de la baie , chez les missionnaires a n glicans.
Les Anglais établis dans le pays, e tc eu x q u i son t venus
p ou r accaparer les terres, on t refusé, d it-o n , de céder un terrain
et un local pour y installer leur g ouverneur. C’est su r un terrain
appartenant a notre é v êq u e , qu e le pavillon britannique a été
arboré lors de la prise de p o sse ssion .
La société formée à Sidn ey pour la colonisation de la Nouvelle-
Zélande , avait elle-même provoqué la prise d.e possession de ce
p ays par le gouvernement anglais, dont la protection lu i était né cessaire.
Sans la prise de possession formelle , la compagnie n ’avait
aucun e garantie contre les puissances maritimes l'ivales de
1 Angleterre : elle v ou lait donc que le gouvernement envoyât
planter son pavillon sur une terre dont elle se réservait l’exp lo itation
exclusive. La reconnaissance du p a y s, la mission d’un g ou verneur
avec la p lu s petite force armée , la création d ’une magistrature,
et rien de p lu s pou r le moment. A la faveur de cette prise
de p o sse ssio n , la société espérait voir en p eu de temps décupler
le prix de ses propriétés. La magie des actions, tou te -p u issan te en
Angleterre, paraît Têtre encore plus à S idn ey. Des spéculateurs,
agioteurs, aventuriers, e tc ., se sont rués sur la Nouvelle-Zélande,
non point pour la c o lo n ise r , mais pour en accaparer les terres
q u ’ils ont acquises des chefs in d ig è n e s , au prix de quelques cou vertures
de la in e , d ’u n fu sil ou d’u n baril de rh um . Ces propriétés
passées dans les mains des E u r o p é en s, ont déjà changé
p lu sieu r s fois ‘de m a îtr e s, en 'a cq u é r a n t u ne valeur toujours
croissante , non po int par la cu ltur e ( la plupart sont encore en
friche); mais par le seul fait de Tagiotage. Les choses en sont ve nu
e s à un tel point , que sur l’emplacement d u village de Korora-
R ék a, il n’en coûte pas moins de 2 liv . sterl. pour chaque pied de
longueur du terrain q u ’occupe u n e baraque en p lanche . Il faut
plaindre les malheureux colons q u i viendront d’Europe pour
acheter si cher un pe tit coin de terre. Dans u n pays o ù la société
n ’est pas encore organisée , où la propriété est à peine reconnue,
la chicane ne saurait manquer d’aliments ; aussi les p ro cu r eu r s,
avocats et notaires son t-ils accourus des premiers à la curée. Les
m ém o ir e s, les c o n su lta tio n s, les a cte s, forment déjà une b r a n che
de spéculation tr è s-p rod u c tiv e .
Le î®' mai, au lever d u so le il, les deux corvettes ont fait une
salve de 21 coups de canon , et pavoisé à l’occasion de la fête du
roi. A midi et au coucher d u so le il, les mêmes salves on t été répétées;
mais la violence de la brise a obligé d’amener les pavois dans
le milieu de la jou rn é e. U n navii-e américain, m ouillé à Tembou-
ch u r e de la rivière K aw a -K aw a , a fait une salve, pour s’associer
à notre fête. Les Anglais n ’ont fait aucune démonstration.
Les Américains ont protesté contre la prise de possession de la
Nouvelle-Zélande par TAngieterre. Habitués comme nos baleiniers
, et même longtemps avant eux , à venir librement faire la
pêch e sur ces côtes et à ravitailler leurs navires dans ces p o r t s ,
ils ne peuvent voir sans déplaisir ce pays passer sous la domination
d’une puissance r iv a le , q u i , selon son bon plaisir, pourra
imposer des droits sur leur commerce et leur in d u str ie , et p ourrait
même u n jour leur interdire la pêche sur ces rivages. Le
gouverneur Hobson n ’est donc pas encore reconnu par les
Américains.
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