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32 8 NOTES.
déchargement complet du navire devenait indispensable ; c ’était
là notre dernière ressource, pourvu toutefois que le temps se
maintînt beau et que la mer, en grossissant, ne vînt pas nous
démolir avant d’avoir p u l ’exécuter.
Le commandant d’Urville nous rendit v isite dans la soirée ; le
sort de XAstrolabe était toujours le même, il se trouvait tout aussi
désespéré que c elu i de la Zélée. Il o b se rv a , toutefois et avec
ju ste raison, qu’en voulant sauver les deux bâtiments, nous courions
les chances de les perdre tous les deux ; que les deux éq u ipages
isolés étaient trop faibles pour exécuter, en peu de temps, de
grands travaux, et q u ’en conséquence il devenait indispensable
de concentrer toutes nos forces su ru n seu l. \dAstrolabe fut choisie
comme étant celle des corvettes que l’on présumait se trouver
dans les conditions les p lus heureuses ; et il fut convenu q u e, dès
le lendemain matin , je dirigerais sur elle tous les marins de la
Zélée, et que l’on procéderait immédiatement à opérer son d échargement.
Les effets les plus précieux de l’expédition devaient
être transportés à terre,; une quantité de vivres suffisante devait
être tout d’abord débarquée et un camp devait être établi, confié
à la garde d’un officier et de qu elques hommes armés.
La n u it arriva b ien tô t, et chacun de nous p u t se livrer à ses
réflexions , qu i toutes durent se trouver en rapport avec la malheureuse
position dans laquelle nou s nous trouvions.
A h u it heures du soir, notre position parut s’aggraver encore,
1 inclinaison tomba ju sq u ’à 26“ degrés. Nous n ou s accrochions
néanmoins aux chances favorables, et, sans qu ’aucun de nous
y comptât b e a u c o u p , n ou s nou s disions que la marée de n u it
serait sans doute p lu s forte que celle d u ’jo u r . M. de Flotte, élève
de première classe, était alors de quart et se tenait sur les bastingages,
armé d’une longue perche graduée, interrogeant à chaque
m in ute l’élévation de l’e a u , épiant les mouvements avec anxiété.
A dix heu re s, la mer avait monté de cinq pieds, et nous n ’étions
encore qu à m i-flo t ; a onze h e u r e s , la Zélée était entièrement
di’oite. Le pi’emier lieutenant, M. Dubouzet, s’empressa de m’annoncer
cette bonne nouvelle, à laquelle j ’étais lo iA d e m’attendre;
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en moins d’une minute , tout le monde fut sur le pont ; officiers
et matelots, tous armèrent le cabestan, et n ous commençâmes à
virer. Dès le déb ut, l ’avant s’abattit de quelques degrés; nous redoublâmes
d’efforts, il continua son abattée. Bientôt quelques
légères secousses se firent sentir et vinrent nous combler d’espérance.
A onze heures et demie, la Zélée flottait de nouveau.
Je ne chercherai pas à peindre le b on h eu r que nous éprouvâmes
alors; il faut se trouver dans u n e semblable position pour
l’apprécier ; rien ne pourrait rendre les sentiments que chacun
de nous dut ressentir : nous passions à la lelti’e de la mort à la
v ie .
Nous nous amarrâmes solidement et nous pûmes enfin nous
livrer au l’cpos, dont n ou s avions tous un pi’essant besoin. Nous
n ’étions cependant pas sans inquié tu de sur l'Astrolabe ; mais enfin
un des deux navires était sauvé sans de trop graves avaries, et
c’était un progrès immense q u i assurait le salut de l’expédition.
Les premières lueurs du jour nous trouvèrent tous sur le pont,
tâchant de distinguer si notre compagne avait été aussi heureuse
que u ou s. Malheureusement, n ous fûmes bientôt assurés q u e lle
se trouvait toujours au même p o in t; seulement, son inclinaison
était moins fo r te , elle ne paraissait éprouver aucune se c ou sse ,
et nous pûmes espérer q u ’elle se tirerait d’affaire. T ou s les marins
de la Zélée furent envoyés à son aide, de nouvelles ancres furent
élongées, toutes les dispositions de réussite furent p r is e s , et, la
n u it suivante, à l’aide de la marée qui fut forte, elle quitta à son
tour les récifs et prit un poste bien moins dangereux.
h e II, au matin, les deux corvettes s’occupaient à guinder leurs
mâts de h u n e et à remettre toutes choses en place. En levant
l ’ancre que n ous avions m ou illé e , lors de notre arrivée, et dont
n ou s avions filé la chaîne par le b o u t , lorsque nous virions sur
les amarres q u i nous avaient halés au large, nous'trouvâmes qu’elle
avait u n e patte cassée, et q u ’elle avait ainsi contribué à jeter la
Zélée à deux doigts de sa perte .......
Sur la pointe S. S. E . de l’île Toud, au milieu d’une touffe
d’arbres élevés, dans une position pittoresque, existe un m onu