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S i du mouillage d u port Otago on promène ses regards d;u S .
à rO ., et de l’O. au N ., on est tenté de æc croire dans un grand
llouve, aux eaux profondes et tourbillonnantes , encaissé entre
deux chaînes demontagncs verdoyantes ju sq u ’aux sommets. Mais,
ainsi que n ou s l’avons déjà d i t , ce prétendu fleuve n ’est autre
chose q u ’un bras de mer, un inkt, de près de deux milles dans sa
plu s grande largeur, sur un développement en lon gu eu r de d ix à
douze milles, q u i forme d u m a ssif du cap Saundei's une presqu'île
ne tenant à la terre ferme q uep a r une langue de sable ti’ès-étroite.
Le capitaine Privât pense même p o u v o ir , dans l’hivernage , faire
Iranchir cet isthme à ses b a le in iè r e s, pou r les envoyer à la pêche
dans la baie au S. d u cap Saunders, ou les faire rentrer dans le
canal, en leur évitant un long c ir cu it, q u i pourrait être dangereux
pour elles dans la mauvaise saison. Les terres q u i bordent
le canal sont très-sablonneuses. La roche n u e ne paraît q ue sur
les deux gros mornes escarpés q u i se trouvent à T entrée,,et sur
quelques pointes de la rive d e l’E . qu i forment saillie dans le canal.
Les sables, balayés par les vents ou entraînés par les p lu ie s et la
fluctuation des eaux, formentdes'dunes et dévastés plages, où la
marée basse laisse une m u ltitud e de coquilles variées. La végétation
de ce pays m a paru assez uniforme. Les h auteurs sont c o u vertes
de b o is. On trouve dans les vallées quelques grands arbres,
mais, en général, on eu rencontre peu ou p o in t d’u n eb e lle v en u e .
Le sol parait très-favorable à la cu ltur e des pommes de terre, qui
sont le seul bien des indigènes, quoique le p lu s souven t ilsTaban -
donnent à des Anglais. Il ne faut pas chercher ic i des cultures
étendues. Les indigènes sont trop in d o len ts, trop abrutis pour
entreprendre un travail de lon gu e h aleine. Les Anglais, q u i n ’y
sont q u’en passant, n ’ont ni le temps n i les moyens de s’y livrer.
Le sol n’est donc défriché et exploité que par petits lambeaux au
bord de la mer, dans quelques vallées ou su r le flanc des montagnes.
Les naturels q u i commen cent, dit-on, à se dégoûter de la
chair h um a in e , trouveront dans la cultu re des pommes de terre
la pêche et l’éducation des b e stiaux, quand ils voudront s’en occuper,
des ressources in épuisables. Ici du moins le cannibalisme
ne saurait être en quelque sorte justifié par la p lu s impérieuse de
toutes les nécessités, celle de la faim.
Les cases des naturels, éparpillées suiTa rive orientale du canal
et sur les dunes de sable , sont ce qu’il y a de p lu s misérable au
monde. Ce n’est q u’en rampant le ventre contre terre q u ’on p eu t
pénétrer dans ces hutte s de p a ille, dans la, structure desquelles il
est impossible de démêler la p lu s légère teinte d’in d u str ie . T o u t
y est sale, in fe c t, délabré, tou t au p lu s convenable pour remiser
des pourceaux. Auprès des cases sont creusées de petites fosses,
sortes de s ilo s , pour conserver les pommes de terre. D eu x p o teaux
élevés servent d’appui à une claie chargée de paniers de patates
et de poissons desséchés. Ces provisions sont ainsi conservées
hors de la portée des rats, q u i fourmillent dans le pays.
N ous n ’avons vu d’autres produits de l’industrie indigène que
quelques nattes de phormium , assez grossières , et des figurines
en jade représentant des d ivinité s , ou toute autre chose que Ton
voudra, dans le goût le p lu s sauvage. Le lac des pierres vertes ,
aux bords duquel le jade existe , d it-o n , en abondance, se trouve
à p lu s d ’u n e journée de marche d’Otago, et dans le nord.
La population des environs d ’Otago ne paraît pas s élever au
delà de 4 à 5oo in d iv id u s . Le pays semble désert tou t autour de
n ou s, et à moins qu’il n’existe quelque tribu nombreuse , cachée
dans les vallées, nous ne pouvons croire que le chiffre de la p opulation
atteigne même 3 à 4 o o . Les Anglais q u i résident ic i depuis
quelque temps, prétendent que la partie sud d e là N ouv elle -Z élande
est presque déserte. L’un d’eux se vante de posséder une
grande partie du littoral entre Otago et Akaroa. Des déserteurs de
b a le in ie r s, des échappés de S yd n ey , ou d’autres aventuriers sont
venus, à diverses époques, s’établir sur le littoral d e là N ou v e lle -
Zélande. Ils ont acquis des chefs indigènes des portions de terrains
p lu s ou moins considérables, au prix d’un mousquet, d un
peu de p oudr e, d’une hache ou d’u ne couverture de laine ; mais
comme les aventuriers européens ne sont guères p lu s portés aux
travaux deTagriculture que ne le sont les naturels eu x -m êm e s ,
ces grands domaines restent encore en friche, faute de bras poujii.'
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