r S . Anglais, des facilités toutes particulières pour coloniser.
Chaque jour, en effet, on voit arriver d’Angleterre,
dans les ports de l’Australie, des hommes
libres, possédant des capitaux considérables, qui,
chargés de familles nombreuses, viennent s’établir
dans ces lointaines contrées, afin d’agrandii- leur
fortune, et souvent sans conserver la pensée de rentrer
dans la mère-patrie après un exil volontaire. En
France, l’émigration n’entraîne dans nos colonies que
des hommes qui ne possèdent rien. Pour peu qu’un
homme possède une petite fortune, il cherche aussitôt
à l’augmenter en spéculant, sans chercher jamais
à s’éloigner du pays qui l’a vu naître. Il ne faut pas
sele dissimuler, F Australie n’a pas été conquise seulement
par les couvicts que l’Angleterre y envoie
chaque année ; le gouvernement britannique, par ses
lois pénales , a bien fourni des bras pour peupler ce
nouveau monde, mais ce sont les colons libres qui y
ont apporté les capitaux et fait fructifier letravail des
condamnés.
Tant que la colonie a manqué de bras pour défricher
la terre et pour accomplir les travaux les plus pénibles,
chacun a vu avec plaisir la métropole envoyer
chaque année des multitudes de condamnés^, mais
depuis leur fondation, une nouvelle génération à surgi
dans toutes ces colonies. Parmi les hommes nés
sur le sol de l ’Australie, il s’est produit des ouvriers
pour tous les états. Le spéculateur, le capitaliste, ont
pu trouver facilement des hommes libres pour faire
valoir leurs lerresou leurs capilaiix. Dès-lors, il s’est
élevé des eoiileslations sérieuses sur l’utilité de l’organisation
administrative qui avait présidé aux premières
opérations. Au moment de notre passage à
Hobart-Town, une grande dissidence d’opinions pa-
paraissait exister à ce sujet; la colonie semblait divisée
en deux parties bien distinctes , combattant pour
des intérêts divers. Le capitaine Macoiiochie, de la
marine royale , é ta it, disait-on, à la tête du parti de
l’opposition, tandis que les agents du gouvernement
s’étaient rangés sous un drapeau différent; les uns,
signalant de grands abus, proposaient un nouveau
plan de conduite, tandis que les autres, repoussant ces
attaques, s’efforçaient de prouver que le système proposé
n’élait fondé que sur des utopies impraticables.
La lutte était vive et avait déjà provoqué une enquête
du gouvernement anglais, qui cependant n’avait pas
pris un parti définitif.
Voici en résumé les sujets qui formaient la base de
ces débats, tels qu’on les trouve dans un ouvrage anglais
intitulé : Copy of a dispatch from lieutnanl governor
sir John Franklin, to lord Glenelg dated 7 October
1837, relative to the present system on convict
discipline in Van-Diemen's land.
Dans le système actuel, aussitôt qu’un navire porteur
de convicts arrive, on conduit ces passagers
dans un local destiné à les recevoir, et où ils sont confondus
sans distinction, quel que soit le crime qu’ils
aient commis, et quelle que soit la durée de l’exil qu’ils
doivent subir. On les distribue par chambrées de quarante
environ, sous la direction d’agents spéciaux
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