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Mars.
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couverts, ainsi que les mousses, les lycopodes et les
bruyères que nous rencontrâmes, rappelaient un peu
la végétation du détroit de Magellan, bien supérieure
cependant à celle de ces îles. On rencontre partout
des masses de tourbe d’une grande épaisseur, qui
tremblent sous les pas du promeneur ; la charpente
de Tîle est une roche basaltique, ou bien un tuf volcanique
rougeâtre, à grain très-fm ; le sol est traversé,
dans tous les sens, par une multitude de petits cours
d’eau qui s’infiltrent dans la couche de tourbe qui le
recouvre, et lui laisse toujours une grande humidité.
« Si jamais, dit M. Dubouzet dans son journal, le
« beau port de ces j le s et leur climat tempéré »y at-
« tiraient des colons, ce point serait le seul convena-
« ble pour l’emplacement d’une ville ; ce serait Ten-
« droit le plus facile à défendre et le mieux abrité ;
« quant à la culture en général, ce point ne serait ni
« plus ni moins favorable que les autres, car toute
« l’île est montueuse ; tout annonce que les céréales
« réussiraient difficilement dans ces contrées ; mais
« les pommes de terre, le jardinage, les pâturages
« naturels qui existent dans les vallées, enfin les pro-
« duits de la pêche suppléeraient pendant longtemps
« aux besoins des colons. » Il faut ajouter à ces r é -
llexions qu’une colonie dans ces îles serait de peu
d’utilité pour la puissance fondatrice, et que même
son succès serait bien hasardé. Le voisinage de la
Nouvelle-Zélande, placé dans une position autrement
favorable, élèverait d’ailleurs une concurrence contre
laquelle il serait impossible aux colons des îles Auckland
de lutter.
DANS LOCÉANIE. 103
Sur le rivage, nous trouvâmes de grandes moules
et beaucoup de débris de vénus d’une grande dimension
; des paquets de fucus s’étendaient du rivage jusque
sur des fonds de trois à quatre brasses, et garnissaient
littéralement toute la surface de la mer. En
nous retirant, nous fûmes obligés de passer sur plusieurs
points occupés par ces herbes marines, et
chaque fois nous éprouvâmes les plus grandes difficultés
pour les traverser avec notre embarcation.
La journée du lendemain fut pluvieuse, les vents
de la veille avaient passé au N. N. 0 . Ils soufflaient
avec tant de violence, que, malgré l’abri que nous
prêtaient les terres, la mer s’agita autour de nous;
tous les travaux du bord se trouvèrent suspendus ;
les communications avec la côte devinrent impossibles
; la position de nos observateurs à terre était
des plus pénibles : la pluie avait pénétré dans la
cabane où M. Dumoulin avait établi son observatoire
, et les communications avec la terre étant interrompues,
il fallut leur jeter quelques provisions de
biscuit sans toucher au rivage. MM. Montravel et
Boyer ne purent continuer à lever le plan du port.
Malgré nou s, nous fûmes obligés tous de rester à
bord de nos corvettes. Heureusement, le mauvais
temps ne fut pas de longue durée ; à quatre heures,
la pluie cessa, la mer devint plus calme, et dès le lendemain,
nous pûmes reprendre tous les travaux commencés.
Je profilai de la journée pour visiter dans ma baleinière
tout le pourtour de la baie; je fus peu dé-
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