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ncrie, sont maillonnés, (le 15 pieds en 15 pieds,
d’autres bonis de chaîne de 4 à 2 mètres de longueur;
on passe aux pieds du patient un anneau sur le(]ue!
cette petite chaîne est rivée : il a ainsi une distance
de 5 à G pieds à parcourir, et pour charmer ses
loisirs, on lui fait casser des pierres pour ferrer les
routes. Celte peine est cruelle, aussi ne l’appliquc-
l-on que pour des cas fort graves. Le patient est en
plein air, exposé à toutes les intempéries du climat;
la durée du châtiment ne peut pas excéder une semaine.
Il y a à Port-Arthur 7 à 800 misérables, îa lie
des bandits de l’Angleterre, c ’est le dernier échelon
d e là dépravation humaine. Ces hommes, déportée
pour les crimes les plus graves, ont été une seconde
fois rejetés de la société, tous ont subi plusieurs condamnations.
La mort est désormais la seule pénalité
qu’ils puissent encourir, et, chose incroyable, il y a
parmi ces scélérats des condamnés politiques : les
peines encourues par les voleurs, les faussaires, n’ont
pas été trouvées assez dures, on les a jugés indignes
de vivre parmi eux, et on les a jetés au milieu d’assassins
, de misérables déclarés incorrigibles.
Le bagne de Port-Arthur renferme des condamnés
de tous les pays ; on m’a montré un soi-disant matelot
français qui, disait-il, avait assisté au combat de Navarin.
J’ai été curieux d’interroger cet homme, je
lui ai demandé sur quel navire il se trouvait à la bataille.
Après beaucoup de tergiversations, il m’a cité
un nom qui n’existe même pas dans notre marine,
e t, pressé de questions, il a fini par m'avouer qu’il
n’avait jamais mis le pied sur un bâtiment de guerre
français.
Je me trouvais par hasard dans la cour de la prison
au moment où on allait fustiger un convict, que
l’on venait de reprendre dans les bois après une
évasion de plusieurs jours ; il était condamné à recevoir
quatre-vingt-dix coups sur les reins.
L’exécuteur, armé du formidable cat, fouet à neuf
branches grosses comme des lignes d’amarrage,
frappait à tour de bras ; chaque branche laissait sur
les chairs un sanglant sillon. Je n’eus pas le courage
de supporter cet affreux spectacle : cet homme
endurait cette cruelle douleur sans pousser un cri,
seulement à chaque coup tout son corps se tordait,
et les muscles de sa figure se contractaient d’une
manière hideuse.
Les évasions sont fort rares dans îa Tasmanie et
surtout à Port-Arthur ; on en cite cependant plusieurs
exemples. Il y a quelques années, six convicts
enlevèrent une embarcation et disparurent, depuis
on n’en a jamais entendu parler; il est plus que probable
qu’ils se sont noyés. Quelques-uns ont longtemps
vécu dans les bois, mais ce sont de rares
exceptions ; le genre de vie qu’ils y mènent est de
beaucoup plus misérable que celui de la prison, et
pour vivre ainsi seul et toujours sous îa crainte d’être
repris, il faut une énergie dont bien peu d hommes
sont susceptibles.
La colonie a cependant gardé le souvenir de plu