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1840.
Mars.
120 VOYAGE
taient cette embarcation, montrèrent tant de persévérance
h nous poursuivre, que je donnai plus tard
l’ordre de mettre en panne. Bientôt après, celle embarcation
nous accosta ; elle était montée par des marins
anglais; Qeur patron s’approcha en me disant qu’il
était pilote du port du Sud, et q u e , supposant que
j’avais l’intention d’y aller mouiller, il venait m’offrir
ses services pour me conduire. Il m’apprit que vingt
matelots anglais s’étaient établis sur le bord du détroit
de Foveaux, où ils se livraient à la pêche ; ces hommes
industrieux avaient fait prospérer dans cet endroit la
culture des pommes de terre, et de divers légumes ;
ils élevaient aussi des volailles qu’ils vendaient ensuite
aux navires baleiniers mouillés dans le port
du Sud. Vingt navires venaient, au dire de cethomme,
mouiller annuellement dans cette baie, qui, vaste et
spacieuse, est facile à gagner et offre un abri parfait.
Je regrettai d’être aussi pressé par le temps, car
j ’aurais volontiers visité ce mouillage, qui paraît être
d’une grande importance pour les baleiniers ; mais,
je dus y renoncer et continuer ma route sans m’arrêter.
Nous prîmes quelques poissons et quelques
légumes apportés par ces Anglais, en échange desquels
ils nous demandèrent de l’arack, du biscuit et
de l’argent, et nous nous séparâmes sur-le-champ.
Après avoir longé de près une longue falaise qui
forme la côte méridionale de l’île , nous arrivâmes
vers midi à l’entrée du port Adventure ; celte baie
nous parut profonde, mais imparfaitement abritée
contre les vents de S.-E.; des îles basses, et de peu
d’étendue, en bornent l’entrée. Au nord s’étend un
récif qui paraît s’éloigner du rivage à 4 ou 5 milles
de distance. A partir de là , la côte court vers
le nord en s’inclinant dans l’ouest. Je profitai de la
brise, qui se maintenait fraîche et favorable, et du
reste de la journée, pour reconnaître l’entrée orientale
du détroit de Foveaux, qui sépare Tîle Stewart
de la grande terre. Ce détroit est embarrassé par un
grand nombre de petits îlo ts, souvent liés entre eux
par des bandes de récifs.
Nous n’étions plus qu’à 5 ou 6 milles de la cote de
Tavaï-Pounamou, lorsque la nuit nous surprit; mais
alors le vent soufflait avec tant de force, que je craignis
un instant de ne pouvoir continuer la reconnaissance
hydrographique de ces terres; cependant, après
avoir fait diminuer la voilure, je donnai l’ordre de
passer la nuit en courant de petits bords, pour pouvoir
reprendre notre travail, si cela était possible,
le lendemain.
Un temps clair nous servit à souhait; à six heures
du matin, la côte basse et découpée de Tavaï-Pounamou
était à quelques milles devant nous. L’ile
Stewart ne nous avait laissé entrevoir, la veille, qu’une
terre sévère et presque inabordable, quoique souvent
couverte d’une végétation magnifique. Sur la cête de
Tavaï-Pounamou, nous aperçûmes au contraire^de
belles plages de sable, dominées par des collines éloignées;
sur la gauche, nous aperçûmes un grand enfoncement
, mais les vents qui venaient de l’ouest ne
nous permirent pas d’aller le reconnaître. A dix
4840,
M a rs .
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