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venls debout lui succédaient ; enfin, après cinq longs
jours d’attente, une faible brise de N. E. nous permit
de nous éloigner, pour ensuite nous laisser, à 3 milles
au large, sans mouvement dans un calme parfait.
Les courants bien plus que le vent nous permirent de
contourner la presqu’île de Banks, sur laquelle nous
aperçûmes de loin de nombreuses découpures de côte,
indiquant sans doute des entrées de port.
Le 18 dans la so ir é e , un trois-mâts anglais passa
près de nous avec l’intention de communiquer ; il
désirait avoir quelques renseignements sur l’accès
d’un port peu connu ; mais comme nous ne pûmes
les lui donner, chacun de nous continua sa
route en se souhaitant mutuellement un bon voyage.
Dans la journée suivante, une brume épaisse vint
nous envelopper : jusqu’à midi, nos deux corvettes
purept encore naviguer de conserve en fixant leur
position par des coups de canon réciproques; mais
lorsque arriva le soir, il y avait déjà longtemps
que le canon de Y Astrolabe ne recevait plus de réponse
de celui de h Zélée. Afin d’éviter une séparation,
depuis midi j’avais fait tenir la panne; dans cette
position, nous devions subir toute l ’influence des
courants dont la direction et la force m’étaient tout à
fait inconnues.
A huit heures du soir, nous entendîmes distinctement
la mer briser derrière nous ; notre position devint
assez embarrassante ; heureusement l’horizon se
dégagea un peu, et alors nous aperçûmes la terre qui
nous entourait depuis le S. E. jusqu’auN. E. ; immédiatement
je donnai l’ordre de faire de la toile, et nous
filions près de quatre noeuds lorsque nous passâmes
très-près d’un navire baleinier qui, comme nous, ne
savait trop où il se trouvait. Le jour vint nous tirer
de notre incertitude; le temps, quoique pluvieux,
fut assez clair ; nous nous trouvions très-loin de la
c ô te , et au moment où nous cherchions à nous en
rapprocher , nous aperçûmes la Zélée qui forçait de
voiles pour nous rallier.
La côte que nous longeâmes pendant toute la journée,
est peu accidentée; du reste, la pluie qui par intervalles
tombait en abondance, nous masquait une
partie des détails. A l’approche de la nuit, nous
aperçûmes près de nous un corps blanchâtre flottant,
sur lequel s’abattaient des milliers d’oiseaux de mer ;
c ’était le cadavre d’une baleine dépécée depuis peu.
Le lendemain, lesoleil levant vint éclairer les sommets
d’une belle chaîne de montagnes couvertes de neige.
Ses rayons, réfléchis par la glace de mille manières
différentes, en illuminaient les contours. Ce spectacle
élait magnifique, mais nous n’en jouîmes que
pendant fort peu de tem p s, car bientôt la brume
vint les couvrir d’un voile si épais, que nous ne pûmes
plus même découvrir la place qu’ils occupaient.
11 était presque nuit, lorsque nous atteignîmes le cap
Campbell, qui termine l’île Tavaï-Pounamou dans le
N. E. ; c’était là la limite que je voulais atteindre
pour terminer notre travail hydrographique. Désormais,
VAstrolabe allait rentrer dans des parages qui
lui étaient déjà connus; dans ma précédente campa20
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