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esl-il uii adroit et intrépide chasseur; les murs de
sa maison couverts de trophées ; les peaux de kanguroos,
les cornes de taureaux sauvages, les dépouilles
du tigre indigène, en sont des preuves irrécusables.
Le lendemain il me fit visiter tout son petit
royaume. Jusqii’cà présent, c’est la seule mine qui soit
en état de fournir de la bouille à la colonie ; elle est
exploitée par le gouvernement, qui y envoie, comme
mineurs, les plus mauvais garnements de ses bagnes.
Le puits a 140 yards de profondeur, et le jour de mon
passage deux hommes y ont été noyés par une voie
d’eau qui s’y est déclarée spontanément. Du puits à la
mer on a ménagé une pente douce, qui va aboutir à
un pont sous lequel accostent les bateaux ; un petit
chemin de fer y conduit les wagons qui se déchargent
sur un plan incliné, par lequel le charbon tombe directement
dans le grand panneau des bateaux caboteurs
, qui de là vont le porter dans les différents
magasins de la colonie.
Le nombre des convicts employés aux mines est
assez considérable ; cependant les évasions sont très-
rares. Tout le pays est couvert de bois où ils ne
pourraient pourvoir à leur subsistance , et les points
de communication avec les districts habités sont partout
garnis de sentinelles, de postes de constables,
qui exercent une surveillance de tous les instants.
Vers midi, arriva Tembarcation qui m’avait amené
la veille ; il soufflait une jolie brise du N. E. Je pris
congé de M. Mackay, et m’embarquai pour Port-Ar-
Ihur. Je traversai lestement la baie Norfolk, qui n’est
que le prolongement de celle de Frédérik-Henry, et
à trois heures j’accostais sur la pointe nord de la péninsule
de Tasman, qui est jointe à celle de Forestier
par un isthme de quelques cent pas de largeur. Ea-
gle-Haivk Neck (isthme de l’Aigle-Epervier).
M. Lamprière m’attendait, il avait été fort mqmet
de ne pas me voir arriver la veille, il avait venté très-
grand frais toute la nu it, et on avait craint une catastrophe
; heureusement j'en avais été quitte pour une
course dans les bois par une pluie battante , ce dont
au reste j’avais été complètement dédommagé par la
cordiale hospitalité que j’avais trouvée chez le capitaine
Mackay. Pour arriver àPort-Arthur, il nous fallait
traverser toute la péninsule ; le trajet est de six
milles ; il se fait de la manière la plus confortable et la
moins fatigante, sur un chemin de fer , s’il vous p la ît,
nn véritable chemin de fer en bois. La locomotive est
remplacée par des convicts échelonnées sur la route,
à des distances assez rapprochées ; les relais sont calculés
de manière à ce que le moteur puisse constamment
aller au grand trot. Le terrain est peu accidenté, il
yacependantpiusieurs pentes assezrapides.Sur les terrains
plans , lesconvictsaunombredequatre, poussent
le wagon, et aux descentes, sautent sur ses extrémités ;
la machine acquiert alors une vitesse qui n’est comparable
qu’à celle des montagnes russes. Ce rail-way
de nouvelle espèce traverse une admirable fo r ê t,
qu’en tonte antre occasion j’eusse sans doute admirée
de loiiles mes forces ; mais depuis mon entrée