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Mai.
31
étendu ; suivant toutes probabilités , nous avions
accosté la barrière sur une de ses pointes les plus
avancées vers l’est.
Le 31, àbuit heures du malin, nous donnâmes dans
la passe de Bligh, qui est vaste et spacieuse, et ne présente
aucun danger, lorsqu’on est à peu près sûr de
sa latitude. Un petit îlot de sable, appelé Anchor-Key,
la limite vers le sud, et sert de point de reconnaissance.
Les cartes anglaises que nous possédions, indiquaient
que ce petit îlot de sable faisait corps
avec le récif de la grande barrière qui se développe
du nord au sud, sur une étendue considérable.
Bien que la mer fût un peu grosse, ce petit îlot nous
parut parfaitement isolé, et nous ne vîmes aucun
brisant dans le sud. Nous avions à peine dépassé
Anchor-Key, que la vigie signalait l’île Darnley, que
les indigènes désignent sous le nom d’Arroub. Aussitôt
je fis voile dans cette direction; bientôt nous
nous trouvâmes très-près d’uii petit îlot de sable, indiqué
sur les cartes comme étant enlacé dans un
même récif avec l’île Arroub; mais nous n’aperçûmes
aucune apparence de danger, soit dans le nord, soit
dans le sud, de ce point sablonneux* J’hésitai un instant,
ignorant si je devais mettre le cap directement
su r file Arroub. Enfin, je me décidai à faire route au
nord; et, après avoir laissé sur tribord quelques pâtés
isolés de coraux, à trois heures de f après-midi, nous
vînmes tranquillement laisser tomber l’ancre â deux
milles de f île Arroub, pour y passer la nuit.
Je profitai immédiatement des quelques heures de
aL
jour qui nous restaient encore pour envoyer à terre un
canot, sous les ordres de M. Duroch, et j’engageai
MM. les naturalistes à profiter de la circonstance, s’ils
croyaient pouvoir rendre cette course utile a leurs
travaux. Je savais que, peu de temps auparavant, les
sauvages qui habitent ce petit îlot avaient attaqué
l’embarcation d’un navire de commerce et qu’ils
avaient massacré le capitaine et quelques matelots.
Aussi j’eugageai MM. les officiers à user de prudence
et â prendre toutes les précautions nécessaires
pour éviter un accident. A six heures du soir, le coup
de canon de retraite rappelait à bord le canot-major,
qui, à huit heures, accostait V Astrolabe. En f absence
de M. Dumoulin, déjà souffrant depuis quelques jours,
M. Coupvent était allé à terre dans l’espérance de faire
quelques observations de physique ; mais il ne put
rapporter de sa course que des détails curieux sur
les naturels, détails consignés dans son journal,
et que je transcris textuellement : « A notre approche
, dit M. Coupvent, quelques naturels viennent
su rîa plage, et s’approchent en agitant des feuilles
de palmier. Nous répondons à cette démonstration
amicale, en déployant un mouchoir blanc. Alors, de
grands cris de joie se font entendre, et la paix paraît
cimentée. Nous accostons, avec quelque difficulté,
sur les récifs qui bordent le rivage, et bientôt nous
nous trouvons côte à côte avec nos nouveaux amis.
« La petite baie où nous prenons terre est entourée
d’une plantation de cocotiers défendue par une palissade;
dans le fond, le lit desséché d’un torrent vient
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