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aujourd’hui le résultat de la conquête des nations
sauvages par l’industrie. Sans aucun doute, si le
commerce est un des moyens les plus puissants pour
amener les peuples barbares à la civilisation, il est
impropre à commencer cette entreprise, à cause de
l’immoralité des hommes qu i, les premiers, se font
les agents de cette oeuvre. « La communauté d’Européens
établie à Otago, dit M. Dubouzet, se composait
en grande partie de déserteurs de navires et de convicts
échappés de Sidney, dont toutes les idées d’évasion
sont aujourd’hui tournées vers la Nouvelle-Zélande.
Tous ces hommes ne sont réunis par d’autres
liens que l’intérêt de la pêche, qu’ils exercent en
commun, et par celui de leur sécurité mutuelle. Suivant
l’habitude des hommes civilisés qui se mêlent aux
sauvages, ces Européens, sortis delà lie de la société,
se sont rapprochés de ceux-ci plutôt qu’ils ne les
ont élevés dans l’échelle sociale ; à quelques exceptions
près, ils mènent la vie la plus oisive et la plus
désordonnée ; suivant les habitudes zélandaises, ils
abandonnent tous les soins du ménage et de son approvisionnement,
à leurs femmes, sans lesquelles
ils avouent qu’ils ne pourraient pas vivre. Toutes ces
femmes sont indigènes; elles paraissent heureuses
de leur sort, bien qu’elles soient sans cesse employées
aux travaux les plus pénibles, et bien que souvent
elles succombent sous le poids d’énormes fardeaux.
Cette conduite indique chez elles une bonté naturelle
et leur fait honneur ; elles méritent un intérêt dont
cependant elles ne reçoivent aucune preuve de la part
des indigènes de l’autre sexe.
« Le principal trafic des naturels consiste à livrer
leurs femmes aux étrangers; jadis les chefs avaient
seuls ce privilège, et ils ne prostituaient que leurs
esclaves. Nous eûmes lieu de voir combien, à cet
égard, la dégradation avait fait de rapides progrès,
car îa plupart des indigènes offraient leurs femmes
et leurs filles en spéculant sur les passions des matelots
baleiniers. Les bâtiments sur rade étaient régulièrement
visités, aux approches de la nuit, par
des troupes de femmes. Des vêtements européens
étaient le prix de ces honteux marchés, mais c’est à
peine si ces malheureuses, que leurs parents ou leurs
maris prostituaient ainsi, conservaient pour elles
quelques-uns des objets avec lesquels on avait payé
leurs faveurs. En voyant, d’un côté, ce relâchement
dans les moeurs, de l’autre l’abrutissement des hommes,
résultat de l’abus des liqueurs fortes, je me demandais
souvent ce que ces hommes avaient gagné au
contact des Européens; il me semblait, au contraire,
qu’ils avaient perdu toutes les vertus particulières
accordées â leur race par les marins qui les visitèrent
jadis, et qui nous les dépeignent sous des couleurs si
flatteuses. »
A côté de ces réflexions, nous trouvons encore
dans le journal de M. Dubouzet la description des
habitations des indigènes, et le récit d’une scène douloureuse
à laquelle il assista; mieux que ce que je
pourrais dire, son récit permettra de faire un rapprochement
entre l’état antérieur des Zélandais,
tels que je les avais trouvés dix années auparavant, et
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