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les exploiter. Si l’on veut jamais entreprendre sérieusement la
colonisation de la Nouve lle-Zélande , on ne devra guère compter
sur le concours de la population in digène. Pour la forcer au
travail, il faudrait la réduire à un état d’esclavage p lu s o u moins
d é g u is é , ce q u ’aucun gouvernement ne voudrait sans doute à
cetteheur e. D ’ailleurs, cette population déjà si faible, d é c ro îtch a -
que jou r , e l ne tardera pas à disparaître. On ne fera donc l'ien de
slab leà la Nouvelle -Z éland e, q u ’en y transplantant les germes de
nos sociétés européennes , q ui fructifieront peut-être dans un
climat peu différent du nôtre. On trouvera sans peine , parmi la
foule d’oisifs q ui inondent le pavé de nos ville s, des gens disposés
à devenir c o lo n s , c ’e st-à-d ir e possesseurs d u sol de la nou v elle
colonie, et purement consommateurs. Mais les véritables colons,
les travailleurs ou producteurs, p o u r r a -t-o n les recruter en nombre
suffisant, sans en tirer des bagnes et des prisons ? Le sol de
la Nouvelle-Zélande serait-il assez riche pour permettre à des
spéculateurs d’engager à grands frais des ouvriers et des lab oureurs
, q u ’il faudrait transporter à quatre ou cinq milles lieues
de l’E u r o p e ? ... Nous ne le pensons pas.
Les naturels, accoutumés à trafiquer des charmes de leurs filles
avec les baleiniers, nous ont envahi dès le jo u r de noti'e arrivée ;
mais ces femmes , au visage carré, jaune et barriolé d’un tatouage
bizarre, aux cheveux longs et en désordre, au regard stupide ou
farouche; ces beautés aux lèvres épaisses, b leu ie s par le tatouage,
n ’on p u trouver chez nous que de rares adorateurs. Les filles de
Noukahiva, venant à la nage à bords de nos corvettes, ou les jeu nes
T a ï tiennes, surprises dans le ruisseau de Matavaï, pouvaient,
à nos y eu x , passer pour des Vénus so r tan td u sein d e l ’onde ; mais
il faudrait avoir un goû th o tten to t pour trouver des charmes à la
Zélandaise, grelottant de froid sous ses haillons infects. Quelques
marins, établis provisoirement dans le pays, on tc ep en dan t r éu ssi
à donner à leurs sauvages compagnes un certain air de propreté,
mais il n est pas aussi facile de donner un e expression agréable à
leur physionomie.
Nous avons eu la visite de p lu sieu rs chefs du pays qui venaient
NOTES. 285
demander des présents. Ils étaient vêtus à l’européenne , d une
manière assez g r o t e s q u e , e t dans un état voisin de l’ivresse. La
plupart cherchent à trafiquer de leurs denrées, patates ou coch
on s, voire même de leurs filles.
Deux aventuriers anglais, feignant de redouter la vengeance
des naturels pour un démêlé su rvenu entre eux , sont v enus demander
passage à bord. L’un d’eux, tonnelier d’un navire baleinier,
l’autre maître dugrog- shop, avaient, à forcede supplications,
obtenu leur passage pour Akaroa. Mais, malgré la peur qu’ils
avaient d’être assommés et dévorés par les n a tu r e ls, ils n ’ont p lus
paru à b o rd .
Les Zélandais que j’ai vus ici m’ont paru avoir les formes moins
arrondies, les traits p lu s saillants , les lèvres moins épaisses, le
visage un peu plus allongé que les habitants des autres groupes
de TOcéanie. Ils ont, comme ces derniers, la bou ch e large et rapprochée
du nez, les membres et les extrémités g r ê le s, par rapport
au corps. Cette finesse des extrémités qu’on remarque chez tous
les peuples sauvages, ne saurait être attribuée avec raison a c e
qu’ils exercent moins que nous leurs membres par le travail ; car
011 sait qu’en Europe la classe supérieure s’abstient des travaux
corporels, ce q u i ne paraît pas n uire beaucoup au développement
des membres de chaque in d iv id u . Les Malais, les lu r c s et p lusieurs
autres peuples de l’Orient, sont aussi enclins à la paresse,
et n’en ont pas moins des membres aussi robustes. D ’un autre
côté, les nègres , q u i par Tesclavage sont assujettis aux travaux les
p lu s p én ib le s, ne paraissent pas acquérir dans leurs extrémités le
développement qui leur manque. 11 faut donc chercher, dans le
climat e lle genre de nour ritu re , la cause des différences déformés
qu’on remarque entre les peuples sauvages et les Européens.
[M. Roquemaurel.)
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