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lév r i e r . un pareil résullal ; il a fallu surtout une grande persévérance
pour continuer dans cette voie; mais aujourd’hui
l’Angleterre n’a plus qu’à récolter; le temps
des sacrifices est terminé; elle se trouve maîtresse
d’une vaste contrée, où, pendant longtemps encore,
elle poui-ra voir s’écouler le superflu de sa population,
en môme temps que les relations qui s’étaloliss^nt né-
( cssairement entre la colonie et la métropole produisent
des avantages incontestables pour son commerce
et sa puissance maritime.
Les produits agricoles de l’île de Van-Diémen augmentent
chaque année dans une proportion prodigieuse.
Chaque navire qui arrive d’Angleterre est surchargé
de passagers, qui augmentent la population
avec rapidité ; la possession de l’Inde et celle de l’Australie
assurent h. l’Angleterre une prépondérance dans
ces mers, qui déjà ne permet plus la lutte ; placées dans
des zones différentes, les produits de ces deux vastes
colonies anglaises s’échangent facilement et avec avantage,
et il faut bien le reconnaître, toutes les colonies
nouvelles ne doivent pas leur accroissement et leur
prospérité aux relations qu’elles peuvent établir entre
elles et la puissance fondatrice , mais bien aussi
aux liens commerciaux et industriels qu’elles font
naître entre elles. L’on s’est toujours plu à reconnaître
à l’Angleterre une facilité toute particulière pour coloniser;
elle a une aptitude pour ainsi dire toute ex ceptionnelle
pour fonder les colonies; et bien, si l’Angleterre
n’avait pas été déjcà maîtresse du cap de
Boniie-Espérance, de l’île Maurice et de l’Inde, il
est douteux qu’elle fût jamais parvenue à envahir l’Australie
et à la couvrir, en si peu de temps, d’établissements
prospères. Sans aucun doute, si la France avait
entrepris une tâche aussi diflicile et aussi onéreuse ,
elle fût diflicilement arrivée à un pareil résultat avec
ses faibles ressources coloniales. L’Europe a, en effet,
très-peu de choses à ambitionner à l’Anstralie, tandis
qu’elle éprouve le besoin de toutes les denrées tropicales.
Au moment de notre passage à Hobart-ïown, il
n’était question dans la colonie que de la constitution
de la compagnie Aguado, qui avait pour but de coloniser
et d’exploiter à son profit une partie de la Nouvelle
Zélande : tout le monde connaît aujourd’hui les
résultats de l’exploitation projetée. Les Anglais , qui
depuis longtemps convoitaient cette riche contrée, et
qui attendaient impatiemment le moment opportun
pour y faire flotter leur pavillon , avaient déjà donné
une garnison aux principaux points de l’île septentrionale
et la plus fertile , avant que l’expédition
commerciale française ne fût arrivée sur ses rivages.
Mais en supposant même que la France eût pu rester
maîtresse de coloniser la Nouvelle-Zélande, je doute
fort qu’elle eût pu y créer un établissement durable
et fructueux. Ce n’est point que je croie notre nation
incapable de s'étendre et de créer des colonies, mais
elle manque de points intermédiaires capables de
relier, par des échanges continuels, des contrées aussi
éloignées. Il faut ajouter aussi que le caractère de la
nation française est loin de présenter , comme celui