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municalions avec les îles du Sud, qui, bien mieux
que l’île Toud, se trouvent placées sur le passage des
navires du commerce qui prennent la route du détroit
en quittant Sidney. Dans la position où nous r o u s
trouvions, nous avions tout intérêt à établir des relations
amicales avec eux ; car, bien que nous n’eussions
rien à redouter de leurs attaques probables
contre le camp que je voulais établir à te r r e , nous
devions avoir bien assez d’embarras pour éviter
de leur faire la guerre; aussi je cherchai à gagner,
par des présents, l ’amitié de celui d’entre eux qui
paraissait être le chef, et je l’engageai à envoyer
ses pirogues à la pêche, en lui promettant une bonne
récompense s’il voulait nous en faire profiter.
Malgré la résolution que j’avais prise de commencer
le déchargement de Y Astrolabe le lendemain matin,
nous continuâmes dans la soirée h prendre toutes les
précautions possibles pour profiter des chances heureuses
qui pourraient s’offrir de nous remettre à îlot.
L’inclinaison du navire nous faisait toujours redouter
de le voir chavirer, et même qu’il ne pût se relever
lorsque la mer viendrait à monter. Nous essayâmes
de nouveau, mais en vain, de l’appuyer avec ime béquille,
nous voulûmes ensuite dépasser les mâts de
liane pour le soulager; mais l’inclinaison était tellement
forte, qu’il devint impossible d’enlever les clefs,
maintenues par le poids de la mâture.
Des canots furent envoyés pour sonder la passe,
et ce ne fut pas sans un vif sentiment de plaisir que
nous apprîmes qu’elle présentait un passage praticable
sous le vent. Si, en effet, nous avions dû nécessairement
ressortir par la même route dans laquelle nous
nous étions malheureusement jetés, il devenait presque
impossible que nous pussions jamais combattre
l’action du courant et du vent, qui, malgré les trois
ancres mouillées la veille, nous avaient entraînés
près de l’île Toud. La découverte d’un passage sous
le vent vint faire renaître nos espérances, car nous
avions la certitude de pouvoir nous dégager si nous
parvenions à renflouer le bâtiment.
A six heures du soir, la nuit nous surprit dans
la position la plus critique où nous nous fussions
encore trouvés. La corvette était inclinée de 32 degrés,
et la mer n’avait point encore atteint son niveau
le plus bas. Les maîtres charpentiers, une
hache à la m a in , étaient au pied de chaque m â t,
prêts à les abattre, pour soulager le navire, qui menaçait
de chavirer. Â neuf heures du soir, 1 o s-
cillomètre indiqua f inclinaison extrême de 38 degrés.
L’eau avait gagné le pont, et il s’en fallait de
peu qu’elle ne commençât à remplir le navire. Le
temps était affreux ; une violente brise de S. E. soufflait
par fortes rafales, en nous amenant beaucoup
de pluie. Rien ne saurait peindre l’horreur de cette
position : à chaque instant nous redoutions de voir
Y Astrolabe s’abîmer dans les eau x , après avoir tourné
sur elle-même, entraînant dans sa ruine tous les
braves marins qui la montaient. Depuis [quelques
instants seulement, l’équipage avait reçu l’autorisation
de prendre un repos que quarante-huit heures
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Juin.
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