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Il nous louait 400 francs par mois une mauvaise bicoque
qui n’en valait pas 200 ; mais nous étions étrangers,
il fallait bien nous le faire payer. L’opinion
publiipie l’accusait de faire un peu d’usure, mais il
eût été par trop difficile que cet homme mentît tout
à fait à sa double origine.
Derrière Hobart-Town s’élève le mont Wellington
; on l’avait d’abord appelé le mont de la Table
(Table-Moiint).En effet, son sommet, parfaitement
plat, se présente au loin comme une table gigantesque.
Grâce à une assez jolie route faite par un
particulier pour exploiter les bois de construction
de la montagne, on peut parcourir .à cheval les quatre
premiers milles qui la séparent de la ville. Jusqu’au
tiers environ de la hauteur, l’ascension est assez
facile. Ce n’est que lorsque l’on arrive à de
vastes amas de larges pierres, à la surface polie,
t[ue les véritables difficultés commencent. Quelques-
unes de ces pierres n’ont pas moins de dix à douze
pieds d’épaisseur ; pour les franchir, il faut au piéton
un coup d’oeil sûr et toute son agilité; puis il
lui laut traverser une zone couverte de hautes herbes
et d’arbustes garnis de fortes épines qui déchirent,
ensanglantent, l’explorateur le plus intrépide. La montagne
est élevée de 4000 pieds au-d essu s du niveau
de la mer. Le sommet, qui termine brusquement
une chaîne de montagnes considérables , offre
un plateau de quelques milles d’étendue. Du côté de
la ville est un horrible précipice à donner des vertiges
a la tête la plus solide. De tontes parts s’élèvent
de gigantesques colonnes de basalte, dont quelques-
unes sont aussi régulières que si elles eussent été
taillées par la main de riiomme. Autour de ces colonnes
sont entassés, les uns sur les autres, d’énormes
débris, véritable image du chaos. Quelque affreuse
convulsion de la nature a sans doute secoué jadis les
flancs du géant. Dans quelques endroits, des fragments
de ces colonnes ont été précipités par monceaux
à la hauteur de 40 à 50 pieds. Ailleurs s’élèvent
des masses isolées dont les sommets sont surmontés
d’un énorme bloc de basalte, q u i, détaché du pilier
lui-même, semble un chapiteau posé par quelque
géant de la fable. Plus lo in , deux de ces colonnes
forment une porte de 18 pieds de largeur. Chacune
d’elles est surmontée d’un chapiteau semblable. A
chaque pas le voyageur foule des pétrifications de
coquilles, d’oiseaux, de poissons, etc. Du sommet du
mont Wellington, l’oeil embrasse le plus admirable
panorama qu’on puisse se représenter; par un beau
jour, il découvre une étendue de pays de plus de
40 milles; au sud, la vue est bornée par une chaîne
de montagne, et à Tonest, par les vastes solitudes
du grand Océan.
Le Derwent est navigable jusqu’à New-Norfolk pour
des bâtiments de 100 tonneaux. La rivière est belle,
large, bordée de plaines magnifiques et de marais
que l’on dessèche tous les jours, et qui deviennent
d’excellentes terres à blé. Une belle route macadamisée
en prolonge les bords. New-Norfolk est bâti
dans la position la plus pittoresque. Ses fondateurs