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sentirait jamais à rompre la bonne barmonie qui
existait entre elle et l’Angleterre, au sujet des réclamations
, quoiqu’en partie fondées, d’un aventurier.
Du reste, la conduite antérieure du baron Thierry,
ses démarches auprès du gouvernement français
pour lui faire acquérir des terrains qui lui étaient
aujourd’hui contestés, enfin l’indépendance qu’il avait
affectée h la suite de ces débats, en prenant le titre de
roi de ces contrées indépendantes, et en choisissant
un pavillon particulier pour ses nouveaux états, devaient
naturellement exciter la méfiance et le priver
de la protection due par la France à tous ses sujets,
quel que soit le lieu de leur séjour. L’appareillage,
fixé pour le lendemain , m’empêchait d’ailleurs de
faire, auprès de M. Holison, une démarche olficicusc
en faveur M. Thierry. Après une longue conversation
sur ce sujet, après avoir discuté avec lui sur
ce que je pourrais faire de plus efficace dans ses intérêts,
il fut arrêté entre nous que je lui laisserai
entre les mains une lettre, dans laquelle je reconnaîtrai
ses droits de propriétaire, et dont il pourrait
se servir ensuite comme il l’entendrait auprès du
gouvernement de 1a colonie.
Pendant que j’étais à examiner de nouveau les certificats
du baron Thierry, l’on vînt me prévenir
que deux hommes de l’équipage de VAstrolabe,
égarés par l’ivresse, s’étaient livrés à de graves
désordres, sur une femme indigène, dans l’intérieur
même de l’évêché. Je donnai immédiatement
l’ordre de les faire arrêter, el, malgré les interceS“
sions de l’abbé Petit, ipu me demandait leur pardon
; je les fis immédiatement conduire à bord de
la corvette. La conduite de ces deux hommes, sur
lesquels, du reste, il n’existait aucuns reproches
antérieurs, était d’autant plus condamnable, que
l’un d’eux servait comme maître canonnier, et le second
comme quartier-maître de manoeuvre à bord
de la corvette, et qu’enfin, tout scandale produit par
nos équipages à terre en face de nos missionnaires,
devait fortement réagir sur l’esprit des indigènes
et nuire essentiellement aux intérêts de la mission.
Je fus péniblement affecté de ces actes répréhensibles
, et je rentrai immédiatement à bord pour
faire punir les coupables.
Le lendemain matin, nous étions prêts à remettre
à la vo ile , lorsque le baron Thierry arriva à bord
avec l’abbé Petit. Ce digne missionnaire accourait
pour nous faire ses adieux ; ce fut les larmes aux
yeux qu’il vint une dernière fois nous serrer la main
et nous souhaiter un heureux retour dans la patrie
commune. Je dictai sur-le-champ la lettre que j a -
vais promise au baron Thierry ; je lui en donnai
lecture avant de la lui remettre, et il en parut fort
reconnaissant. En voici le contenu :
« Monsieur le baron,
« Sans doute, j’ai dû vous paraître sévère dans l’espèce
d’enquête que j’ai faite hier au soir touchant
vos titres de propriété à la Nouvelle-Zélande; mais
je devais l’être avant d’asseoir d’une manière |)Ositive
18-4if..
Meli.
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