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I8Ü VOYAGE
flatté de recevoir la visite du commandant français.
Après line conversation de peu de durée et assez
insignifiante , le secrélaii-e de M. Hobson regagna
son embarcation et s’en retourna au village de Païa,
sans toucber au village de Korora-Reka.
Mon intention première élait de descendre à terre,
mais après le départ du secrétaire de M. Hobson,
j’éprouvai de violentes douleurs de goutte qui me
forcèrent, malgré moi, à garder le bord; je reçus
la visite de l’abbé Petit, qui vint me faire connaître
les besoins de la mission, et la nature des
services que je pouvais lui rendre. Déjà la veille,
j’avais consulté plusieurs personnes pour connaître
l’opinion du pays sur le compte de nos missionnaires:
tout le monde s’était accordé à reconnaître cbez
eux une conduite exemplaire, un désintéressement
et une cbarité tout évangéliques; ils avaient
réussi à s’attirer par leurs propres mérites non-
seulement l’aiïection de leurs coreligionnaires, mais
encore l’estime de ceux qui devaient jalouser leurs
succès. La mission ne se composait que de sept personnes,
répandues sur différents points; l’abbé Petit
vivait avec l’éveque à la Baie des Ile s, siège principal
de la mission. Je disposai volontiers en faveur
de nos compatriotes, des objets d’écbange qui restaient
à bord de nos corvettes et qui désormais devenaient
sans utilité pour nous, piiisqu’eii quittant
la Baie des Iles nous devions retourner presque directement
en France.
Le lecteur n’a sans doute pas ouiilié qu’à mou
passage à Vavao, on m’avait amené, pieds et poings
lié s , le nommé Simonnet, qu’on avait arracbé à sa
femme et à ses enfants. Cet bomme avait cbercbé,
depuis son embarquement forcé sur VAstrolabe, à
faire oublier sa conduite antérieure à bord du même
navire pendant ma première campagne. Après avoir
vécu l’espace de dix ans, au milieu des sauvages
de l’Océanie, il s’était créé une famille qu’il dut
quitter brusquement pour venir expier ses fautes
passées. H redoutait surtout de revenir en France,
car pour lui TOcéanie élait une nouvelle patrie, et
ce qu’il ambitionnait le plus, était de pouvoir s’y
fixer. Il s’adressa à Tablié Petit pour plaider sa
cause auprès de moi : je lui avais déjà personnellement
pardonné depuis longtemps ; souvent il avait
pu rendre des services à l’expédition ; il pouvait
d’ailleurs être très-utile à la mission ; aussi j’accordai
facilement à M. Petit sa demande, de débarquer
Simonnet la veille de notre appareillage, et de le
faire payer de tout ce qui lui était dû pour ses services
à bord.
Dans la soirée, M. Bonnefin et le magistrat anglais
chargé de maintenir Tordre à Korora-Reka,
vinrent partager le dîner des officiers de Y Astrolabe.
La conversation bruyante et animée de ces hôtes porta
surtout, comme d’habitude, sur la prise de possession
de la Nouvelle-Zélande par TAngieterre : notre compatriote
s’élevait fortement, comme à son ordinaire,
contre cette mesure, mais ce qui m’étonna, ce fut
d’entendre le magistral anglais liii-meme se joindre