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338 NOTES.
gouvernail q u i, déplante' de scs ferrures, est violemment agité
par les rcmoux de la m a r é e , malgré les coins de bois qu ’on
chasse avec force dans la jaumière et q u i sont en u n instant mis
en pièces.
A trois heures du matin, la marée reste à peine un instant
pleine, le jusant reverse aussitôt au S. E . avec grande force, el la
co rv e tte , s’accorant de n o u v e a u , cesse de s’agiter sur le récif.
A quatre h eur es, elle est déjà complètement échouée et commence
à s’incliner sur bâbord. On travaille aussitôt à dépasser les mâts
de perroquet et l’on se dispose à la b éq uille r.
A la pointe du jo u r , n ou s ne sommes pas peu surpris, en regardant
autour de n o u s , de nous trouver à deux encablures de la
pointe S. de l’île Toud, encore é ch ou é s su r le l’é c if de cette île ,
le côté de tribord toujours appuyé sur les co rau x , le navire
évité au S . E ., mais éloigné d ’environ un demi mille de la
position q u ’il occupait la ve ille. La grande marée que n ou s
avons éprouvée cette nuit nous a emportés à notre in su dans u n
chenal creusé au milieu du grand r é c if, et dont nous avions à
peine entrevu hier au soir l’embouchure vers le N . de notre premier
échouage. Il est difficile de concevoir comment cette s in g u lière
navigation nocturne a p u avoir lieu malgré u ne ancre de
bossoir, un e anci’e moyenne et une ancre à jet. Notre digne conserve,
la Zélée, n ’a pas v o u lu , dans cette cir con stanc e , se séparer
de VAstrolabe. Elle a a u ssi, dans l ’obscurité, erré à l’aventure au
milieu des coraux, traînant ses ancres pour venir s’échouer en
plein à l’entrée du même chenal.
Dans la matinée, la corvette s’abat de p lu s en plus sur bâbord,
ju sq u ’à n eu fh eu r e s vingt minutes, heure de lab a ssem e r . L’o s c il-
lomètre indiquait alors 3 i degrés d’inclin a ison . Le récif de tribord
est à sec et les Sauvages peuvent monter ju sq u ’à bord, en grimpant
par les sauvegardes du gouvernail. L’un d’e u x , nommé
Guimada, qui se d it le c h e f de la tr ib u , nous montre de la main
la grande passe au S. de l’île Toud. 11 nous donne à entendre
par ses gestes que les corvettes sont ici dans u n e postion peu
naturelle, ce que nous n ’ignorons pas. Enfin , l’honnête sauvage
u ous fait comprendre que cet étroit chenal aboutit vers le N. à la
grande passé, ce qui est le plus important de son rapport.
La grande in c lin aison du navire à rendu trè s-pénible s les d ivers
travaux exécutés à bord dans la journée. Ce n ’est q u ’en rampant
sur le p on t, o u en se hissan t le long des filières q u ’on peut
changer de position , et se transporter d ’un p o in t à un autre.
T o u t l ’équipage r éuni au cabestan suffit à peine à raidir les
amarres. La petite marée d’aujourd’h u i, pendant laquelle nou s
avons inutilemen t travaillé à nous remettre à f lo t, et la vaine
tentative que nous avons faite pour caler les mâts de h u n e , nous
ont fait pei’dre toute l’a p r è s -m id i, et nous on t empêché d ’élonger
u n e grosse ancre dans l’Est où est déjà mouillée une ancre à jet.
C’est dans cette direction s e u le , et sur un câble que nous p o u vons
espérer de déhâler le navire ; mais l’opération de retirer de
la cale l ’ancre de miséricorde , la seule q u i nous reste à bord , de
l ’embarquer avec un câble dans la chaloupe pour l’élonger par
un jusant v io len t, a été jug ée trop p énible pour un équipage qui
est sur pied depuis v ing t-qua tre h eu r e s. D ’a illeu r s , cette opération
exécutée pendant la n u it, serait à peine terminée à l’heure de
la pleine mer. Il est donc accordé quelque repos à l’é q u ip a g e ,
en attendant le résultat de la marée de la n u it.
N ’ayant pu b équille r le navire du côté immergé, ni caler les
mâts de h u n e , il a été décidé que dès le matin du lendemain, des
mesures seraient pi’ises pour pi’évenir un ab a tta g e , dont la possibilité
commence à être sentie; nos bats mâts , fortifiés par des
bigue s du côté de tribord , seront maintenus par des apparaux
frappés sur le récif.
Avantd’entrer d a n sle détroit de Torrès, on avait disposé vingt
jours de vivres et d’eau pour l’équipage, et dressé un rôle de sauvetage
pou r les embarcations. Ces vivres mis en petites caisses en
tôle ou en petits b a r ils , sont tenus en réserve dans l’entrepont ou
à l’entrée de la cale au vin ; l’effectif de l’équipage étant en ce moment
de 72 hommes, tout compris, avait été réparti de la manière
suivante :