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(le fatigues rendaient nécessaire; mais aussitôt
l ’alarme fut donnée, et chacun dut songer à sauver
son existence. Toutefois, dans cette circonstance extrême
, je dois déclarer que nos équipages montrèrent
un calme et un courage admirables. Il ne s’éleva
pas une seule plainte; les ordres des officiers furent
toujours exécutés : aussi pûmes-nous procéder avec
ordre au sauvetage. Tous les canots accostèrent le
bord et reçurent leurs équipages ordinaires, commandés
par les officiers désignés. Tous les papiers
de l’expédition furent disposés pour être embarqués;
enfin, le pont de Y Astrolabe, sur lequel il n’y avait
plus moyen de se mouvoir, à cause de l’inclinaison,
fut couvert de bagages, et ensuite chaque homme
attendit en silence que je donnasse l’ordre du départ.
Heureusement cette alerte fut de courte durée.
Par un effet bizarre, et que je ne puis attribuer qu’à
la force des vents régnants qui refoulaient les eaux
dans l’ouest, la mer commença à monter avant d’avoir
atteint son niveau le plus bas. Bientôt une légère secousse
sur le flanc du navire nous indiqua que notre
sort allait se décider. La mer continuait à monter,
mais il était bien douteux que la corvette pût se
relever. M. Roquemaurel avait, en effet, remarqué
que, du côté immergé, l ’eau n’était arrivée qu’à
environ un pied au-dessus du feuillet des sabords,
tandis que, dans la marée basse du jour, elle était
à peine de deux pieds au-dessous de ces mêmes
feuillets. Il fallait conclure de là que le navire, en
s’inclinant de plus en plus, avait fini par trouver un
point d’appui sous la carêne. S i, dans la position où
se trouvait la corvette, l’équilibre était encore stable,
elle devait se relever peu à peu, à mesure que la mer
monterait; mais dans le cas contraire, lorsque l’appui
sur lequel sa joue reposait viendrait à lui manquer,
elle devait infailliblement chavirer. Ce moment d’indécision
futterrible, mais de courte durée. Bientôt l’os-
cillomètre [nous indiqua que l’inclinaison devenait
moins forte, et que Y Astrolabe ne tarderait pas à se
redresser. Â dix heures, toute crainte était dissipée;
chacun avait repris sur le pont son poste de bivouac,
attendant avec impatience le moment de la haute mer
pour virer au cabestan. Malheureusement, lorsque ce
moment favorable arriva, et que la corvette, par
de petits coups de talon, annonçait qu il lui faudrait
peu d’efforts pour flotter, nous nous aperçûmes
que toutes nos ancres chassaient sur le fond et ne
nous étaient d’aucune utilité. Il était trop tard pour
remédier à cet inconvénient ; la mer avait déjà commencé
à descendre lorsque nous eûmes mouillé de
nouvelles ancres. Toutefois, pendant que la corvette
était droite nous pûmes dépasser les mâts de hune, et
désormais plus tranquilles nous attendîmes patiemment
la marée montante de la nuit suivante pour
nous remettre à flot.
Plus heureuse que nous , la Zélée avait pu profiter
de la marée favorable de la nuit pour se dégager
des récifs. Désormais j’étais sans inquiétude, car l’une
de nos deux corvettes était sauvée, et devait suffire,
dans tous les c a s , pour nous ramener en France.
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