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navires, je décidai que la Zélée resterait à l’ancre
pendant que VAstrolabe parcourrait le canal. A une
heure de l’après-midi, les canots des deux corvettes
furent placés de distance en distance sur
l’accore des récifs, pour jalonner la route. La baleinière
de VAstrolabe servit à éclairer le trajet; la largeur
du canal n’est que de deux encablures ; le fond
est à peu près partout de trois brasses, cependant, ce
ne fut pas sans avoir talonné en deux ou trois endroits
, que nous vînmes enfin laisser tomber l’ancre,
à trois heures, par dix brasses de fond, en dehors des
récifs qui avaient failli nous devenir si funestes.
Le lendemain, la Zélée vint, avec autant de bonheur
que nous, mouiller à nos côtés. Rien désormais
ne nous empêchait de continuer notre route ; mais
avant de quitter ces dangereux parages, disons un
mot sur les naturels qui les habitent.
L’île Toud a à peine un mille dans sa plus grande
longueur. Le récif qui l’environne, et qui assèche à
basse m er, augmente beaucoup son étendue du nord
au sud. C’est un banc de sable presque au niveau de
l’eau, et sur la pointe nord duquel s’élève une touffe
d’arbres, le reste de cette misérable terre est sa lin ,
marécageux , couvert d’herbes et d’arbustes qui ne
produisent presque aucun ombrage. Sur sa pointe sud,
constamment battue par la lame, se dresse une petite
dune de sable où l’on voit une douzaine de huttes.
C’est sur cette pointe, la plus exposée au vent et au
soleil, que les indigènes ont établi leur camp. On
ne rencontre sur cette île sablonneuse ni filet d’eau
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potable, ni cocos, enfin aucune production végétale
capable de servir d’aliment. Pour se procurer de l’eau
d ou c e , les naturels récoltent avec soin celle des
pluies, qui, du reste, paraissent abondantes dans ces
parages. Pour cela, sous Xespandams, dont la feudle
est large et inclinée vers le so l, comme une toiture ,
ils placent de grands bénitiers pour recevoir lesPi.CLxxxvm.
eaux. Quelques-unes de ces coquilles atteignent
des dimensions considérables. Au moment de notre
passage, tous ces réservoirs étaient presque pleins,
et si dans ces contrées les pluies sont toujours aussi
abondantes qu’à l’époque de notre séjour, il n e st
pas douteux qu’elles ne puissent amplement suffire
aux besoins delà population.
Les naturels que nous vîmes se faisaient remarquer
par une taille assez élevée et paraissaient vigoureux;
cependant, ils semblaient mener la vie la plus
misérable. Ils avaient vite appris quelles étaient lès
heures où l’équipage prenait ses repas ; ils accouraient
alors à bord de nos navires pour demander
quelques morceaux de biscuit, qu’ils dévoraient avec
avidité. A. part quelques coquillages et quelques
poissons, ils n’avaient rien à nous offrir en échange.
La pèche paraissait être leur principale ressource
alimentaire ; chaque jour nous voyions leurs embarcations
s’éloigner de l’île et se diriger vers le nord
pour aller chercher le repas du jour. Le lieu de
leur pêche était très-éloigné. La première fois que
nous aperçûmes ces embarcations chargées de femmes
et d’enfants se diriger de ce côté, nous crûmes
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