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h eu r e s, je vais prendre des hauteurs de soleil sur la pointe sud
de l’îlo t. Les Sauvages sont tout à fait inoffensifs; ils on t une
crainte salutaire des armes à feu et paraissent très-désireux de
uou s voir partir.
Vers m in u it, la mer commence à m onter; nous attendons q u ’elle
so it to u tà fa ith a u te ;le s deux équipages placés sur les barres, sont
prêts à faire un vigoureux efforts. A une h eure , on commence à
virer, mais le navire ne bouge pas, et le cabestan fatigue à se rompre
: on tient b o n . A u n e h eure trente m in u te s, p lusieur s fortes secou
sse s annoncent q u e le moment favorable est v en u , le cabestan
gémit de n ouveau. E n fin , après quelques temps d’efforts à le
briser, nous entendons des craquements prolongés, la corvette
broie tout ce q u i s’oppose à son passage, p u is vient en grand sur
bâbord à l’appel de son ancre, et bientôt nous la sentons tanguer
gentiment sur trois brasses d ’e a u ..............
Le 11 ju in , au lever d u so le il, le commandant me d on n a l’ordre
d’aller reconnaître la passe de la sortie du détroit. En conséquence,
je pars dans la baleinière, gouvernant sur la pointe S. O. d e sM u l-
graves. Arrivé à une encablure, je trouvai un pâté de roches à fleur
d’eau autour d u quel la sonde ne rapportait pas moins de sept
à h u it brasses. La côte de Mulgrave forme une baie magnifique
parsemée d ’îles et d ’îlots à travers lesquels je me mis en quête. A
h u it heures , je fus rejoins par le grand canot de la Zélée ; je d é -
b ouq ua is alors d’un faux chenal et j ’allais me diriger vers une
belle coupée que j ’apercevais entre deux îlots. Ma pirogue étant
tr è s-lég è re et d’une marche su p ér ieu re , je convins avec M. Montravel,
q u i commandait le canot de la Z é l é e , de me diriger seu l
vers la passe présumée , et en cas que ce fu t la bonne , de lu i en
faire le sign a l, il aurait p u ainsi en reporter p lu s vite la nouvelle
à bord, et les corvettes y eussent gagné un e demie-journée.
Je partis la sonde à la main ; partout je trouvai sept à h u it brasses
de fond. J’arrivai ainsi dans u n canal de deux encablures de
largeur, où le courant se précipitait avec violence, et je vins attérir
avec grand’peine sur la côte de tribord. L’île était assez haute ,
e l je m’empressai de la gravir. Hélas ! à un mille au large ma passe
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était barrée de toute part par des têtes de coraux. L’îlo t était
formé d’énormes blocs de roche entassés les u n s sur les autres;
des volées de mouettes q u i, sans d o u te , n ’avaient pas l’h abitude
d ’être d é ran g é e s, se levaient de toutes les anfractuosités d u rocher
; mais elles restaient à u n e vingtaine de pieds en l’air et planaient
sur nos têtes sans s’écarter de dix pieds. J ’étais à en chercher
le m o tif, lorsque je vis arriver u n des canotiers q u i portait
avec précaution son bonne t dans les mains : il était plein d oeufs ;
tous les autres se mirent en c h a s s e , et en moins de dix minutes
ils en eurent ramassé p lu s de cent. Les pauvres mouettes assistaient
à cette spoliation en poussant des cris lamentables. Le
courant se précipitait avec u n e telle violence dans la fausse passe,
q u ’il me fût impossible de le refouler; je ne pus que gagner l’autre
bord. L’île était plus h aute et de son somme tj’embrassai une
assez vaste étendue de mer. A force d’interroger les coins et re coins
de la baie, je crus apercevoir de l’eau p lu s bleue entre deux
petits groupes d’îlots bas ; j’attendais avec, impatience que le
courant me permit d’aller l’explorer. Enfin à trois heures , je p us
partir. Je gouvernai sur le canot de M. Montravel q u i nous donna
quelques galettes de b iscu it: mes hommes n’avaient rien pris dep
u is le matin. N ou s partîmes chacun de notre côté, lu i dans l’in tention
de reconnaître le récif , et moi me dirigeant sur ma passe.
Cette fois c ’était bien elle. Tro is petites îles sur bâbord, deux sur
triboi'd l’indiquaient parfaitement. Le chenal courait entre les
récifs que jalonnaient les île s, et deux derniei's îlots dans 1 0 . S . O.
Je remontais le chenal pou r l’explorer dans toute sa lo n g u e u r ,
lorsque je vis arriver le canot de la Zélée à la voile. M. Montravel
avait un petit croquis de la passe q u i s’accoi’dait parfaitement avec
ce que n ou s avions sous les y eu x . T o u t jo y eu x nous nous pi’épa-
rions à aller porter à bord la bonne nou v e lle , lorsque n ou s vîmes
débouquer six ou sept grandes pirogues montées par des Sauvages
q u i se dirigeaient vers n ou s. Appréhendant un guet-apens,
n ou s n ou s tînmes prêts à leur donner u n e v igoureuse leçon et
nous n ou s avançâmes en ordre de bataille ; mais nos mauricauds
étaient gens pacifiques s’il en fu t; ils gagnèrent promptement les