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Noie 27, page 240.
A onze heures d u matin, tandis q ue n ou s prolongions la terre
à quatre ou cinq milles de distance, nous voyions se détacher du,
rivage deux petites pirogues à balancier, montées par cinq ou
six naturels, q u i font d ’abord mine de vouloir accoster les co r vettes,
et pagayent de toutes leurs forces pour les atteindre.
Nous mettons en panne; mais les sauvages s’arrêtant à u n e encablure
de d ista n c e , se contentent de nous observer, sans vouloir
accoster. T ou s les signes d’amitié qu’on p u t leur faire pour les
engager à venir à nous furent in u tile s. Ils nous montraient des
cocos et indiquaient la terre avec la m ain, pour nous engager à y
aller mouiller. Ces hommes sont à p eu près n u s et portent les
ornements ordinaires des sauvages, consistant en b ra c e le ts, en coquilles
, co llie r s, plaques de n a c r e , e tc ... Q u e lq u e s-u n s avaient
u ne épaisse chevelure à laPapou; les uns étaient d’un jaun e-brun
comme les Océanien s, d’autres d’un noir fu lig in eu x comme les
Vitiens, et un ou deux paraissaient être de véritables uègres.
Cette race d’hommes semble présenter des types très-divers.
Voyant que les sauvages s’obstinaient à se tenir au large, nous
prenons notre course à l’O. N . O. et au N . 0 . ^ 0 . pour parcourir
cette longue chaîne d’îles qu i bordent la Louisiade et voir
le cul-de-sac de l’Orangerie.
Dans l’après-midi, deux grandes pirogues à la voile sortent
d’un assez beau canal formée par deux îles élevées et bordées de
cocotiers; mais, la brise ayant fi’aîchie, elles ne peuvent nous
atteindre.
A deux heures trente minutes, le i®*' janvier, aperçu de l’avant
un e lig n e ,d e brisants appartenant au grand r é c if de Toud ,
q u i nous déborde vers le S ., comme cela nous est arrivé à
u ne heure. Alors nous laissons arriver au N. 0 . A O ., de
manière à laisser sur baboi’d le brisant et la petite île Toud.
Mais la vigie annonce u n nouveau brisant de Tavant. On voit
l u i f .
bientô t en effet de sur le pont un vaste r é c if de corail s’étendre
en arc de cercle entre l’île Wa r r io r ( T ou d ) et n o u s , et
nous barrer le passage. Cependant le c u l-d e - s a c dans lequel
n ou s sommes enfoncés paraît du moins offrir un mouillage
assez abrité et la sonde ne rapportant plus q u e trois brasses et
demie, Tanci’e est mouillée. Mais la corvette n ’a pas le temps
de rappeler sur sa chaîne, q u ’elle est déjà échoué e. La Zélée q u i
par malheur naviguait dans nos eaux à petite d istan c e , s’é ch
ou e à deux encablures vers le large. La h ou le du S . E . qui
donne en plein à l’embouchure de cette fausse b a ie , fatigue
beaucoup ce navire, q u i signale aussitôt q u ’il est é choué sur
u n fond dur. U n officier vient de la part du capitaine demander
du secours ; mais XAs trolabe, q uo ique dans u n e position
moins c ritique, p u isq u ’elle est un p eu abritée de la mer, ne peut
en ce moment s’occuper de sa conserve. Plu sieu r s coups de talon
assez violents nous avertissent q u ’il faut se hâter de sortir de
cette position, s’il en est encore temps.
Au coucher d u s o le il, temps couvert et à grains, bon fi’ais du
S . E . par raffales. Après avoir raidi les amarres et essayé in u tile ment
de renflouer la corvette, on travaille à soulager le gouvernail
q u i a déjà éprouvé des secousses violentes. N ’ayant pas
de panneau sur la dunette , les charpentiers en ont percé un
pour faciliter cette opération ; à sept h eu r e s, un morceau de la
fausse quille ayant paru le long du bo rd, on a essayé de le mater
pour nous servir de béq u ille au b eso in . Mais la pièce tenant en core
au fond a résisté à tous les appai’aux. Notre chaloupe après
avoir m ou illé son ancre, a rallié la Zélée pour lu i porter secours.
Ce navire commence ainsi que nous à s’asseoir sur le
fond et fatigue beaucoup moins. Cela n’a pas empêché quelques
matelots de raconter, à leur retour de la Zélée, que cette corvette
était déjà en pièces et avait sa cale pleine d’eau. Cette nouvelle
absurde n ’a pas fait la moindre impression sur l’équipage de
X Astrolabe.
La soirée a été assez calme. Le navire, appuyé sur les coraux,
n e fatigue pas ; mais nous avons grand’peine à contenir le
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