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trois avaient succombé. Si affligeantes que fussent ces pertes,
nou s n ous attendions à de p lu s grands malheurs , vu l’état dans
lequ el n ou s avions laissé tous nos malades à l’h ôp ital. N ou s
les retrouvâmes en p le in e convalescence.
N ou s trouvâmes sur la rade d’H o b a r t-T ow n , trois baleiniers
français ainsi que le store-ship anglais le Bvffaloo-, il venait d’apporter
de malheureux rebe lle sd u C an ad a ,q u i, pou r avoir é choué
dans leur tentative d’affranchissement, étaient condamnés à la
même p eine que les faussaires et les assassins ; le succès eût] fait
d’eux des hé ro s: a in si va le monde. U n bâtiment se trouvait sur
le point de partir pour Londres , nous profitâmes avec empressement
de cette occasion pour donner de nos nou v e lle s en
France.
Chacun de nou s r eçut, dans ce second séjour à H o b a r t-T ow n ,
l’accueil le p lu s bienveillant et le p lu s hospitalier de nos anciennes
connaissances. T o u s les habitants de la Tasmanie prii’ent
intérêt à la découverte de la terre Adélie, voisine de leur pa y s, et
des spéculateurs formèrent aussitôt le projet d’y envoyer l ’été
suivant chercher des p h o q u e s , dont l ’existence à leurs y eu x était
hors de doute , malgré les i-enseignements défavorables que nous
leu r d on n ion s.
U n journa l de la v ille , le Hobart-Town Advertiser, en rendant
compte de cette dé couve r te , laissa cependant percer cet esprit de
jalousie q u i n ’existe encore que trop chez les A n g la is, en disant
que la terre Adé lie n’était autre chose que la terre à'Enderby, découverte
par le capitaine Biscoe. Le rédacteur, en avançant u ne
pareille e r reur, d onnait u n e grande preuve d ’ignorance en géographie,
en confondant deux terres séparées l’une de l’autre par
700 lieues de mer.
On ne parlait à H o b a r t-T ow n , à notre a r r iv é e , qu e de la colonisation
de la N ou v e lle -Z é lan d e , q u i mettait tous les sp é cu la teurs
en ém o i, et ne pouvait que n u ir e à la prospérité d’un pays
dont les quatre cinquièmes d u sol étaient encore à défricher. On
réunissait des capitaux pour aller fonder de nouveaux é tablissements
sur les bords d u Soukianga ou de la rivière Tamar.
L ’esprit d’entreprise et l’activité britannique son t tellement prononcés
chez les T a sm an ien s, qu’en les v o y an t chercher chaque
jour u n n ou veau champ p ou r l’exercer, on croirait q u ’il y a su rabondance
de bras dans le p a y s ; et cependant il est loin d’en
être a in s i , car l’absence de c e u x - c i, au contra ire , a empêché
la colonie de s’accroître dans la progression q u ’elle avait annoncée
dans le p r in c ip e , et q ue promettait son sol bien supérieur
pou r l’agriculture , à tou t c elu i d u contin en t v o isin .
Le 24 février, n ou s n ou s disposions de nouveau à quitter la
Tasmanie , nous y avions remplacé notre eau , pris quelques
provisions fr a îc h e s , et recruté quelques matelots parmi les d é serteurs
des baleiniers q u i affluent sur cette place. B eaucoup de
ces marins étaient déjà réduits à l’état de misère le plus complet,
car quoique les salaires q u ’on leur donne sur les bâtiments de
cette colonie soient tr ès-fo r ts, leurs dépenses sont telles et les b énéfices
des embaucheurs si con sid é rab le s, q u ’ils sont bien vite
plu s malheureux q u ’à bord des bâtiments q u ils ont quitté s. Malgré
cela, l’inconstance des matelots est telle, q u ’il n’est pas de baleinie
r q u i ne laisse quelques hommes s’il relâche sur cette place,
q u o ique la police fasse ce q u ’elle p eu t p our les rendre à leur s ca pitaines.
Le 25 février, de tr ès-bonne h e u r e , le pilo te v in t à bord ;
nous mîmes aussitôt à la voile , emportant un doux souvenir de
cette terre hospitalière que nous aurions bien vivement regrettée
s i, en la q u itta n t, n ous n’allions n ous rapprQcher de la France.
U n e jo lie brise de N . O. n ous fit sortir bien vite d u D e rw en t. A
peine é tion s-n ou s au large que n ou s trouvâmes deux hommes,
probablement des convicts, q u i s’étaient cachés dans la c a le , et
avaient échappé à la v isite m in u tieu se q u ’on avait faite avant de
partir. ( ^ - Dubouzet.)
Note 3 , page 33.
Avant de visiter les colonies pénitencières a n g la ise s, je m’en
étais formé u ne idée tout à fait différente de la réalité ; je pensais
la*